Différences entre les versions de « Friedrich A. Hayek:La politique du desperado »

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===Le régime monétaire de l'interventionnisme===
===Le régime monétaire de l'interventionnisme===


Fondamentalement, l'interventionnisme repose pour les Autrichiens sur une hypothèse implicite d'abondance des ressources. L'Etat agit, d'après eux, comme si aucune contrainte matérielle n'empêchait la création de richesse. Il chercha à augmenter la croissance ou à stimuler certaines productions avec la conviction qu'aucune rareté de travail, de ressources naturelles, ou de biens d'équipements ne pourra mettre en échec ses projets. Or la rareté des ressources signifie que, pour augmenter à terme la production de l'économie il faut accepter de ne plus les utiliser pour la consommation présente. En réduisant leur consommation, en épargnant, les individus opèrent un tel déplacement. Le travail, les ressources naturelles, certaines machines, ne sont plus utilisés pour la fabrication de biens de consommation. Ils permettent la production de biens d'investissement qui, à terme, augmentent la quantité de biens produits pour le même niveau de ressources. L'épargne est donc bien, chez Mises et Hayek, la contrainte absolue qui pèse sur le rythme de développement économique. C'est une sorte de loi d'airain de l'économie de marché : on ne peut créer plus de richesses que celles qui sont autorisées par le niveau de l'épargne volontaire des individus.
Fondamentalement, l'interventionnisme repose pour les Autrichiens sur une hypothèse implicite d'abondance des ressources. L'Etat agit, d'après eux, comme si aucune contrainte matérielle n'empêchait la création de richesse. Il cherche à augmenter la croissance ou à stimuler certaines productions avec la conviction qu'aucune rareté de travail, de ressources naturelles, ou de biens d'équipements ne pourra mettre en échec ses projets. Or, la rareté des ressources signifie que, pour augmenter à terme la production de l'économie il faut accepter de ne plus les utiliser pour la consommation présente. En réduisant leur consommation, en épargnant, les individus opèrent un tel déplacement. Le travail, les ressources naturelles, certaines machines, ne sont plus utilisés pour la fabrication de biens de consommation. Ils permettent la production de biens d'investissement qui, à terme, augmentent la quantité de biens produits pour le même niveau de ressources. L'épargne est donc bien, chez Mises et Hayek, la contrainte absolue qui pèse sur le rythme de développement économique. C'est une sorte de loi d'airain de l'économie de marché : on ne peut créer plus de richesses que celles qui sont autorisées par le niveau de l'épargne volontaire des individus.


Cette contrainte absolue, cependant, ne se fait pas sentir avec la même force dans chaque économie. L'importance de la pression qu'elle exerce dépend du régime monétaire, c'est-à-dire de l'ensemble des institutions et des règles qui pèsent sur l'offre de monnaie. Certains régimes imposent plus de contraintes que d'autres. L'étalon-or, par exemple, révèle le mieux les contraintes de l'épargne car il limite fortement la possibilité d'augmenter l'offre de monnaie. « Une monnaie métallique échappe à la manipulation gouvernementale », souligne ainsi Mises (1985, p. 827). La croissance de l'Etat s'en trouve bloquée car les effets négatifs de son action sont immédiatement visibles.
Cette contrainte absolue, cependant, ne se fait pas sentir avec la même force dans chaque économie. L'importance de la pression qu'elle exerce dépend du régime monétaire, c'est-à-dire de l'ensemble des institutions et des règles qui pèsent sur l'offre de monnaie. Certains régimes imposent plus de contraintes que d'autres. L'étalon-or, par exemple, révèle le mieux les contraintes de l'épargne car il limite fortement la possibilité d'augmenter l'offre de monnaie. « Une monnaie métallique échappe à la manipulation gouvernementale », souligne ainsi Mises (1985, p. 827). La croissance de l'Etat s'en trouve bloquée car les effets négatifs de son action sont immédiatement visibles.
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De la même manière, la contrainte que fait peser l'épargne peut sembler contournée dans un tel régime monétaire. L'Etat peut en effet financer ses activités grâce aux crédits. Il peut favoriser artificiellement l'investissement et le porter à un niveau supérieur à celui de l'épargne volontaire. Il provoque ce phénomène d'épargne forcée dont nous avons vu qu'il débouche nécessairement, à terme, sur un chômage accru.
De la même manière, la contrainte que fait peser l'épargne peut sembler contournée dans un tel régime monétaire. L'Etat peut en effet financer ses activités grâce aux crédits. Il peut favoriser artificiellement l'investissement et le porter à un niveau supérieur à celui de l'épargne volontaire. Il provoque ce phénomène d'épargne forcée dont nous avons vu qu'il débouche nécessairement, à terme, sur un chômage accru.


C'est bien une critique systématique de l'interventionnisme que cherche à développer Mises et Hayek. En effet non seulement il appauvrit l'économie et conduit au socialisme, mais, en outre, il ne peut atteindre ses objectifs à terme. Dans ce cadre, la gestion de la monnaie n'est qu'une fuite en avant qui, au bout du compte, ne peut qu'aggraver les problèmes.
C'est bien une critique systématique de l'interventionnisme que cherchent à développer Mises et Hayek. En effet, non seulement il appauvrit l'économie et conduit au socialisme, mais, en outre, il ne peut atteindre ses objectifs à terme. Dans ce cadre, la gestion de la monnaie n'est qu'une fuite en avant qui, au bout du compte, ne peut qu'aggraver les problèmes.


Cette critique générale doit cependant être précisée. Il faut la compléter par une attaque plus ciblée contre la pensée keynésienne. La politique qui en est issue est en effet, pour Mises comme pour Hayek, à la racine des évolutions dangereuses des économies occidentales.
Cette critique générale doit cependant être précisée. Il faut la compléter par une attaque plus ciblée contre la pensée keynésienne. La politique qui en est issue est en effet, pour Mises comme pour Hayek, à la racine des évolutions dangereuses des économies occidentales.
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