Différences entre les versions de « Friedrich A. Hayek:La politique du desperado »

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==Un objectif nécessairement modeste==
==Un objectif nécessairement modeste==


si la politique économique ne peut atteindre le plein-emploi, peut-on lui a signé un objectif plus réalisable ? Bien que Hayek suggère que de telles mesures puissent être prises, ce n'est pas, bien entendu, l'action de l'Etat qui est censée résoudre les problèmes. Il faut au contraire, selon lui, laisser agir les forces spontanées du marché.
Si la politique économique ne peut atteindre le plein-emploi, peut-on lui asigner un objectif plus réalisable ? Bien que Hayek suggère que de telles mesures puissent être prises, ce n'est pas, bien entendu, l'action de l'Etat qui est censée résoudre les problèmes. Il faut au contraire, selon lui, laisser agir les forces spontanées du marché.


===Des mesures différentes selon les moments du cycle===
===Des mesures différentes selon les moments du cycle===


dans le cadre du court terme, des mesures limitées peuvent être entreprises. Elles ne peuvent toutefois voir que des objectifs modestes. La marge laissée aux actions efficaces est extrêmement étroite.
Dans le cadre du court terme, des mesures limitées peuvent être entreprises. Elles ne peuvent toutefois voir que des objectifs modestes. La marge laissée aux actions efficaces est extrêmement étroite.


L'Etat, pour Hayek, ne peut qu'accompagner les forces du marché. Les mesures qu'il prend ne doivent pas entraver les mécanismes rééquilibrants. Son objectif ne peut être ainsi que de réduire la violence des fluctuations cycliques. Pour cette raison, on ne peut agir efficacement que pendant la période d'expansion. Il faut en effet, pour Hayek, laisser s'accroître le taux d'intérêt pendant que la croissance est forte. Celle-ci en est évidemment freinée, mais c'est un frein salutaire puisqu'il permet d'adapter l'investissement en ressources disponibles. Plus faible, la croissance n'en est que plus saine. Le cycle ne peut être totalement éliminé puisqu'il est dû à l'existence de la monnaie de crédit liée en partie à l'action des banques privées. Mais la violence de ses phases de croissance et de dépression peut être réduite en empêchant la hausse artificielle du crédit stimulé par l'Etat.
L'Etat, pour Hayek, ne peut qu'accompagner les forces du marché. Les mesures qu'il prend ne doivent pas entraver les mécanismes rééquilibrant. Son objectif ne peut être ainsi que de réduire la violence des fluctuations cycliques. Pour cette raison, on ne peut agir efficacement que pendant la période d'expansion. Il faut en effet, pour Hayek, laisser s'accroître le taux d'intérêt pendant que la croissance est forte. Celle-ci en est évidemment freinée, mais c'est un frein salutaire puisqu'il permet d'adapter l'investissement en ressources disponibles. Plus faible, la croissance n'en est que plus saine. Le cycle ne peut être totalement éliminé puisqu'il est dû à l'existence de la monnaie de crédit liée en partie à l'action des banques privées. Mais la violence de ses phases de croissance et de dépression peut être réduite en empêchant la hausse artificielle du crédit stimulée par l'Etat.


Cela ne signifie pas cependant que l'Etat doive s'interdire toute action une fois la crise déclenchée. Cette action s'inscrit dans des limites étroites. Il faut en effet d'un côté laisser baisser les prix et les profits, puisque c'est leur baisse qui stimule l'augmentation de la demande de biens d'investissement et qui crée donc les conditions d'une reprise ultérieure. Mais il faut aussi, d'un autre côté, les empêcher de baisser de manière excessive car si le profit est trop faible au début de la reprise, la demande de biens d'investissement sera très forte. Puisque les ressources seront consacrées en majeure partie à l'investissement et non à l'offre de biens de consommation, le prix de ces biens augmentera rapidement dès que leur demande sera stimulée par la hausse des revenus. La reprise sera sans doute forte mais brève et une nouvelle crise surgira rapidement.
Cela ne signifie pas cependant que l'Etat doive s'interdire toute action une fois la crise déclenchée. Cette action s'inscrit dans des limites étroites. Il faut en effet d'un côté laisser baisser les prix et les profits, puisque c'est leur baisse qui stimule l'augmentation de la demande de biens d'investissement et qui crée donc les conditions d'une reprise ultérieure. Mais il faut aussi, d'un autre côté, les empêcher de baisser de manière excessive car si le profit est trop faible au début de la reprise, la demande de biens d'investissement sera très forte. Puisque les ressources seront consacrées en majeure partie à l'investissement et non à l'offre de biens de consommation, le prix de ces biens augmentera rapidement dès que leur demande sera stimulée par la hausse des revenus. La reprise sera sans doute forte mais brève et une nouvelle crise surgira rapidement.


Ainsi, dans la dépression, pour empêcher une baisse excessive des prix et des profits, Hayek accepte l'idée qu'une politique de dépenses publiques puisse être entreprise. Celle-ci, souligne-t-il, est cependant très difficile à mettre en oeuvre. En effet, si les mesures sont prises trop tôt elles empêchent le mouvement d'ajustement des prix. Si elles sont trop fortes, elles élèvent excessivement les profits et stimule ainsi davantage la demande de biens de consommation que celle de biens d'investissement.
Ainsi, dans la dépression, pour empêcher une baisse excessive des prix et des profits, Hayek accepte l'idée qu'une politique de dépenses publiques puisse être entreprise. Celle-ci, souligne-t-il, est cependant très difficile à mettre en oeuvre. En effet, si les mesures sont prises trop tôt elles empêchent le mouvement d'ajustement des prix. Si elles sont trop fortes, elles élèvent excessivement les profits et stimulent ainsi davantage la demande de biens de consommation que celle de biens d'investissement.


On le voit, si Hayek semble justifier, dans d'étroites limites, une politique de dépenses publiques, il le fait de telle sorte que ses effets pervers ressortent plus fortement que ses effets positifs.
On le voit, si Hayek semble justifier, dans d'étroites limites, une politique de dépenses publiques, il le fait de telle sorte que ses effets pervers ressortent plus fortement que ses effets positifs.
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===L'ajustement à long terme est la seule solution===
===L'ajustement à long terme est la seule solution===


ce n'est donc pas à court terme que le niveau de l'emploi peut être élevé durablement pour Hayek. Et ce n'est sûrement pas, selon lui, grâce à l'action de l'Etat. Au contraire, puisque la prise en compte des variations de prix montre qu'il existe des forces autorégulatrices, mieux vaut alors laisser jouer le marché. Mieux vaut favoriser les processus spontanés en supprimant les rigidités.
Ce n'est donc pas à court terme que le niveau de l'emploi peut être élevé durablement pour Hayek. Et ce n'est sûrement pas, selon lui, grâce à l'action de l'Etat. Au contraire, puisque la prise en compte des variations de prix montre qu'il existe des forces autorégulatrices, mieux vaut alors laisser jouer le marché. Mieux vaut favoriser les processus spontanés en supprimant les rigidités.


Le marché du travail en particulier doit être rendu plus flexible. Nous avons vu en effet que le raisonnement de Hayek supposait les salaires nominaux rigides. Que se passe-t-il alors si ceux-ci varient en fonction de la conjoncture ? En cas de dépression, ils baisseront. Pour Hayek, cette baisse aura uniquement un effet positif : la reprise sera plus durable puisque l'écart entre l'offre et la demande de de biens de consommation sera réduit. La hausse du prix de biens de consommation que met en avant l'effet Ricardo sera affaiblie. Elle permet d'atteindre un « maximum à court terme d'emploi stable plus élevé ». Mais il existe aussi un autre effet, négatif, que Hayek ne souligne pas : la reprise arrivera plus tardivement puisque c'est la hausse de la demande de biens d'investissement qui détermine le retournement favorable de l'activité. Or, si les salaires nominaux baissent, ils peuvent maintenir les salaires réels un niveau faible, voire provoquer leur chute. On peut alors avoir un risque d'une dépression qui se prolonge pendant une durée non déterminée ou, hier encore, qui s'aggrave. Il semble bien que Hayek, pour mettre en évidence le rôle autorégulateur de la flexibilité des prix (ici des salaires), ne tire pas toutes les conséquences de sa propre analyse.
Le marché du travail en particulier doit être rendu plus flexible. Nous avons vu en effet que le raisonnement de Hayek supposait les salaires nominaux rigides. Que se passe-t-il alors si ceux-ci varient en fonction de la conjoncture ? En cas de dépression, ils baisseront. Pour Hayek, cette baisse aura uniquement un effet positif : la reprise sera plus durable puisque l'écart entre l'offre et la demande de de biens de consommation sera réduit. La hausse du prix de biens de consommation que met en avant l'effet Ricardo sera affaiblie. Elle permet d'atteindre un « maximum à court terme d'emploi stable plus élevé ». Mais il existe aussi un autre effet, négatif, que Hayek ne souligne pas : la reprise arrivera plus tardivement puisque c'est la hausse de la demande de biens d'investissement qui détermine le retournement favorable de l'activité. Or, si les salaires nominaux baissent, ils peuvent maintenir les salaires réels un niveau faible, voire provoquer leur chute. On peut alors avoir un risque d'une dépression qui se prolonge pendant une durée non déterminée ou, hier encore, qui s'aggrave. Il semble bien que Hayek, pour mettre en évidence le rôle autorégulateur de la flexibilité des prix (ici des salaires), ne tire pas toutes les conséquences de sa propre analyse.
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Néanmoins la flexibilité du travail, bien que nécessaire, n'est, pour Hayek lui-même, pas suffisante. Le niveau d'emploi qui peut être atteint est toujours limité par la différence de taux d'activité entre les stades de production. Comme nous l'avons vu, Hayek fait l'hypothèse d'un taux de chômage plus élevé dans les industries qui produisent des biens d'investissement. C'est pour cette raison que la croissance se bloque nécessairement à court terme : le plein-emploi est atteint plus tôt dans les industries de biens de consommation. Chaque augmentation ultérieure du revenu et de la demande de biens de consommation des individus se traduit alors par cet accroissement de prix qui crée les conditions d'une crise ultérieure.
Néanmoins la flexibilité du travail, bien que nécessaire, n'est, pour Hayek lui-même, pas suffisante. Le niveau d'emploi qui peut être atteint est toujours limité par la différence de taux d'activité entre les stades de production. Comme nous l'avons vu, Hayek fait l'hypothèse d'un taux de chômage plus élevé dans les industries qui produisent des biens d'investissement. C'est pour cette raison que la croissance se bloque nécessairement à court terme : le plein-emploi est atteint plus tôt dans les industries de biens de consommation. Chaque augmentation ultérieure du revenu et de la demande de biens de consommation des individus se traduit alors par cet accroissement de prix qui crée les conditions d'une crise ultérieure.


Pour qu'un niveau d'emploi plus élevé puisse être durable, il faut donc que la croissance de l'activité soit plus importante dans les industries de biens d'investissement que dans celle de biens de consommation. Il n'y a qu'une seule façon, pour Hayek, d'atteindre ce type de croissance : par une élévation du taux d'épargne. C'est donc bien le niveau volontaire d'épargne des individus qui est la variable stratégique. C'est lui seul qui peut élever le niveau de l'emploi. Une fois encore l'épargne apparaît comme la contrainte absolue qui pèse sur l'économie. Toute mesure qui l'affaiblit a un effet négatif sur le niveau de l'emploi. Contrairement à la position de Keynes, l'augmentation de cette dernière ne peut augmenter le chômage. La position keynésienne est liée, pour Hayek, un raisonnement qui étudie de manière insuffisante l'effet des variations de prix et qui se développe exclusivement dans un cadre de court terme.
Pour qu'un niveau d'emploi plus élevé puisse être durable, il faut donc que la croissance de l'activité soit plus importante dans les industries de biens d'investissement que dans celles de biens de consommation. Il n'y a qu'une seule façon, pour Hayek, d'atteindre ce type de croissance : par une élévation du taux d'épargne. C'est donc bien le niveau volontaire d'épargne des individus qui est la variable stratégique. C'est lui seul qui peut élever le niveau de l'emploi. Une fois encore l'épargne apparaît comme la contrainte absolue qui pèse sur l'économie. Toute mesure qui l'affaiblit a un effet négatif sur le niveau de l'emploi. Contrairement à la position de Keynes, l'augmentation de cette dernière ne peut augmenter le chômage. La position keynésienne est liée, pour Hayek, à un raisonnement qui étudie de manière insuffisante l'effet des variations de prix et qui se développe exclusivement dans un cadre de court terme.


==La remise en cause de l'effet Ricardo==
==La remise en cause de l'effet Ricardo==
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