Jean-Baptiste Say:Biographie

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Jean-Baptiste Say
1767-1832
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Auteur libéral classique
Citations
« Un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte. »
« Le meilleur de tous les impôts est le plus petit. »
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Jean-Baptiste Say:Biographie
Biographie de Jean-Baptiste Say


Anonyme
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Prise de vue

On reconnaît aujourd’hui en Say l’un des promoteurs de la pensée libérale. Les questions qu’il a posées, encore discutées dans tous les pays, comme sa fameuse « loi des débouchés  », dépassent le cadre de l’histoire des idées économiques. D’autres points de vue sur les fondements sociologiques du développement économique conservent parfois une certaine actualité ; Say se trouve en effet à un carrefour privilégié de la pensée, et il a connu des courants d’idées, dont ses contemporains faisaient mal la synthèse, au moins en France. Il appartient tout d’abord à cette « génération de la liberté » stimulée par la Révolution, qui assiste, dans le domaine économique aussi, à des bouleversements considérables. C’est, en outre, un protestant qui étudie l’Angleterre, laquelle vit, bien avant la France, sa révolution industrielle. Il est enfin un « praticien de l’économie ». Mais cet industriel, que H. J. Davenport appelait « le moderne des modernes », sait appliquer les sciences exactes à ses activités concrètes, et il s’efforce de concilier un rationalisme abstrait et un réalisme toujours en éveil.

Libéral et révolutionnaire

Jean-Baptiste Say naquit à Lyon ; il commença sa carrière comme commis de banque, et alla dès l’âge de dix-neuf ans en Angleterre, où il assista avec enthousiasme à la « révolution industrielle ». Il admire vivement l’ouvrage d’Adam Smith, La Nature et les causes de la richesse des nations ; aussi, dans son Traité d’économie politique... (1803), Say opère-t-il une synthèse entre le libéralisme économique de Smith et les idées politiques et philosophiques de la Révolution française, qu’il avait louées dans une revue, La Décade. Pendant l’Empire, qu’il refuse de soutenir, il devient filateur de coton, et son entreprise prospère, mais ce n’est qu’à la Restauration qu’il peut à nouveau publier ; son Traité connaît alors de multiples éditions. Nommé en 1819 professeur au Conservatoire des arts et métiers, il édite en 1828 et 1829 les leçons qu’il y a données sous le titre : Cours complet d’économie politique pratique. En 1830, il est nommé professeur d’économie politique au Collège de France, chaire créée pour lui. À sa mort, survenue à Paris, il est l’économiste français le plus célèbre du temps.

dans son Traité d’économie politique..., Say opère une synthèse entre le libéralisme économique de Smith et les idées politiques et philosophiques de la Révolution française

La carrière de Say explique les deux faces de son œuvre philosophique et théorique d’une part, pratique d’autre part. L’intransigeance de son scientisme libéral se rencontre, par exemple, dans son Catéchisme d’économie politique (1815) ; ses prises de position, très vigoureuses et brillantes, ont beaucoup contribué à le faire connaître. Praticien très avisé, il met l’accent, dans ses écrits, sur les réalisations concrètes.

La loi des débouchés, surtout, caractérise l’aspect idéologique de la pensée de Say. On l’a résumée dans la formule : « Les produits s’échangent contre les produits. » Comme l’écrit Say : « Dans tout État, plus les producteurs sont nombreux et les productions multipliées, et plus les débouchés sont faciles, variés et vastes. » Le pouvoir d’achat créé par le produit nouveau sert à acheter ce dernier plus tard ; il se dégage ainsi un équilibre naturel, car les ressources créées par le produit sont égales à sa valeur ; le débouché se mesure à la production.

On peut constater ici un excès d’abstraction, car les mouvements de la monnaie, les délais nécessaires pour le retour du pouvoir d’achat empêchent fréquemment cette équivalence d’apparaître. Qu’arrive-t-il ? Say répond sur ce point à Malthus que le bien invendu ne mérite pas le nom de produit. N’est-ce pas alors enlever toute signification positive à la loi des débouchés ?

Le libéralisme de l’auteur, orienté vers l’optimisme et la défense systématique de la libre concurrence, sa théorie de la répartition (où la part qu’il accorde à la thèse du minimum vital est trop grande) font aussi partie de ses idées abstraites, qui séduisent par leur logique apparente mais n’expriment pas la réalité.

Le réalisme de Say apparaît quand il traite de questions en rapport avec son expérience personnelle ; il en est ainsi des notions de production et d’entrepreneur, de sa vigoureuse défense du rôle de l’industrie et, dans une large mesure, de sa méthodologie, où il définit bien le rôle de l’observation et de la statistique, avec une clairvoyance en avance sur son temps.

La notion de dynamisme économique, que l’on retrouve dans son vitalisme et son physiologisme, le rapproche beaucoup de certaines conceptions pluridisciplinaires modernes. Il préconise parfois une véritable étude de la psychologie économique des milieux en cause.

Influence sur la pensée économique

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Les commentateurs de Say adoptent des attitudes très divergentes à son égard, E. Teilhac, par exemple, en fait le fondateur génial de l’« économie sociale » moderne. D’autres ont réduit son rôle à celui d’un disciple un peu effacé de Smith, dont il aurait seulement diffusé les idées. En réalité, Say tient une place intermédiaire entre ces deux positions extrêmes. C’est un libéral, certes, en économie, mais il fut l’initiateur de l’école française, plus optimiste et plus idéologique aussi, en définitive, malgré ses apports concrets, que les classiques anglais. Son influence se manifeste chez Frédéric Bastiat, Pellegrino Rossi, Adolphe Blanqui, et aussi chez Michel Chevalier et Henri Baudrillart. Comme industrialiste et productiviste, ses idées ont dépassé les limites de l’école libérale. On a souvent remarqué que Saint-Simon et Proudhon (qui qualifie Say d’« homme de génie ») lui doivent beaucoup. Aux États-Unis, ses ouvrages eurent de nombreuses éditions. C. Carey défend son productivisme. En Italie, Francesco Ferrara prend des positions analogues à celles de Say, comme le fait Stanley Jevons en Angleterre. C’est en se référant surtout à la pensée de Say que Jevons écrit : « La vérité est avec l’École française, et plus tôt nous le reconnaîtrons, mieux cela vaudra. »

wl:Jean-Baptiste Say

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