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{{titre|L'attitude des médias de masse à l'égard du libéralisme économique|[[Alain Wolfelsperger]]|Texte d'août 2001, repris sur le site de [[:wl:Bertrand Lemmenicier|Bertrand Lemmenicier]]}}
{{titre|L'attitude des médias de masse à l'égard du libéralisme économique|[[Alain Wolfelsperger]]|Texte d'août 2001, paru en 2002 dans le [[:wl:Journal des économistes et des études humaines|Journal des économistes et des études humaines]], repris sur le site de [[:wl:Bertrand Lemmenicier|Bertrand Lemmenicier]]}}
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== Introduction ==
== Introduction ==
Quel rôle jouent les médias s'adressant au grand public (presse quotidienne et chaînes de télévision) dans le jugement que celui-ci porte sur la conception libérale du fonctionnement de l'économie? Ont-ils tendance à en donner une image, tous comptes faits, plutôt favorable ou défavorable? Peut-on, en particulier, leur reprocher d'adopter une attitude systématiquement biaisée à son sujet? Les réponses à ce genre de questions sont très variées. Pour les uns, fidèles à l'inusable vulgate marxiste, les positions adoptées par les journalistes sont nécessairement en harmonie avec les besoins de légitimation du système économique et social et les médias de masse ne peuvent être que des relais bienveillants dans la diffusion des idées favorables à l'économie de marché et hostiles à l'intervention de l'Etat. Inversement les partisans les plus convaincus du libéralisme ont souvent l'impression que les journalistes, dans leur majorité, sont plus que réservés à l'égard des vertus de l'économie de marché et qu'ils ont tendance à en donner une image plus négative que positive tant par le choix des événements montés en épingle que par les commentaires qui les accompagnent. Au delà de l'actuelle « mode libérale » en matière de politique économique qu'ils semblent parfois suivre parce que c'est dans l'"air du temps", leur vision du monde serait inchangée et elle se constituerait toujours, en matière économique, sur le modèle de « [[:wl:gauche|gauche]] » d'une économie nécessairement mixte dont le secteur public remplit des fonctions essentielles que le marché est totalement incapable de remplir et dont le secteur privé doit rester soumis à la régulation bienveillante d'un Etat seul à même de représenter l'intérêt général. Cette opinion sur les penchants [[:wl:antilibéralisme|anti-libéraux]] des médias n'a pas fait l'objet, à ma connaissance, d'un exposé approfondi dans notre pays.
Quel rôle jouent les médias s'adressant au grand public (presse quotidienne et chaînes de télévision) dans le jugement que celui-ci porte sur la conception libérale du fonctionnement de l'économie? Ont-ils tendance à en donner une image, tous comptes faits, plutôt favorable ou défavorable? Peut-on, en particulier, leur reprocher d'adopter une attitude systématiquement biaisée à son sujet? Les réponses à ce genre de questions sont très variées. Pour les uns, fidèles à l'inusable vulgate marxiste, les positions adoptées par les journalistes sont nécessairement en harmonie avec les besoins de légitimation du système économique et social et les médias de masse ne peuvent être que des relais bienveillants dans la diffusion des idées favorables à l'économie de marché et hostiles à l'intervention de l'État. Inversement les partisans les plus convaincus du libéralisme ont souvent l'impression que les journalistes, dans leur majorité, sont plus que réservés à l'égard des vertus de l'économie de marché et qu'ils ont tendance à en donner une image plus négative que positive tant par le choix des événements montés en épingle que par les commentaires qui les accompagnent. Au delà de l'actuelle « mode libérale » en matière de politique économique qu'ils semblent parfois suivre parce que c'est dans l'"air du temps", leur vision du monde serait inchangée et elle se constituerait toujours, en matière économique, sur le modèle de « [[:wl:gauche|gauche]] » d'une économie nécessairement mixte dont le secteur public remplit des fonctions essentielles que le marché est totalement incapable de remplir et dont le secteur privé doit rester soumis à la régulation bienveillante d'un Etat seul à même de représenter l'intérêt général. Cette opinion sur les penchants [[:wl:antilibéralisme|anti-libéraux]] des médias n'a pas fait l'objet, à ma connaissance, d'un exposé approfondi dans notre pays.


On voit que ces deux point de vue sont complètement opposés. Où se trouve la vérité? Si on laisse de côté, parce que de n'être pas significatives, les anecdotes sur le militantisme plus ou moins voyant de tel ou tel journaliste célèbre pour ou contre l'économie de marché ou sur certains phénomènes de censure ponctuelle (comme ceux qui sont relatifs à des informations désagréables pour les propriétaires d'un journal ou d'une chaîne) ou, au contraire, de mise en exergue de faits contribuant à dénigrer le fonctionnement quotidien des marchés, l'une des méthodes les plus employées pour établir l'existence d'un parti-pris idéologique chez les journalistes consiste à s'intéresser à leurs opinions politiques. Or celles-ci sont, en France, très majoritairement « de gauche » comme on peut s'en rendre compte d'après le sondage publié dans l'hebdomadaire Marianne (23-29 avril 2001). On peut donc naturellement s'attendre à ce que ces journalistes ne donnent pas aux idées libérales les mêmes chances qu'aux idées socialistes de s'exprimer à l'occasion de la diffusion d'informations économiques. Malgré sa plausibilité en première analyse cet argument souffre de ne pas tenir compte d'un certain nombre de contraintes qui viennent limiter l'expression de leurs préférences personnelles par les journalistes. Il fait, d'abord, trop bon marché des effets possibles de l'« idéologie journalistique » dans laquelle l'objectivité et l'impartialité sont des valeurs prééminentes et qui peut, jusqu'à un certain point, fonctionner comme un contrepoids à la tentation de donner une place privilégiée à l'idéologie politique. De plus, le journaliste, même s'il aimerait se faire le propagandiste d'une cause spécifique, par exemple anti-libérale, doit tenir compte de ce qu'il n'est qu'en employé dans une organisation dont les responsables ultimes de la gestion (propriétaires privés ou autres) n'ont pas nécessairement le mêmes orientations politiques que lui. Bien qu'ils se flattent généralement de laisser la plus grande liberté d'expression à leurs employés, ces employeurs ne peuvent pas être sans exercer une certaine influence sur le contenu des informations et la manière de les commenter. Mais même ce facteur peut être négligeable. La question des préférences politiques des uns et des autres peut être, en effet, accessoire quand on tient compte de la situation concurrentielle dans laquelle se trouvent les différents médias. Les responsables de la gestion des médias ont des objectifs de rentabilité ou d'audience qui leur imposent de mettre, au moins, une sourdine à leur penchant à se faire plaisir idéologiquement et de donner la priorité aux attentes de leur clientèle effective et potentielle.
On voit que ces deux point de vue sont complètement opposés. Où se trouve la vérité? Si on laisse de côté, parce que de n'être pas significatives, les anecdotes sur le militantisme plus ou moins voyant de tel ou tel journaliste célèbre pour ou contre l'économie de marché ou sur certains phénomènes de censure ponctuelle (comme ceux qui sont relatifs à des informations désagréables pour les propriétaires d'un journal ou d'une chaîne) ou, au contraire, de mise en exergue de faits contribuant à dénigrer le fonctionnement quotidien des marchés, l'une des méthodes les plus employées pour établir l'existence d'un parti-pris idéologique chez les journalistes consiste à s'intéresser à leurs opinions politiques. Or celles-ci sont, en France, très majoritairement « de gauche » comme on peut s'en rendre compte d'après le sondage publié dans l'hebdomadaire Marianne (23-29 avril 2001). On peut donc naturellement s'attendre à ce que ces journalistes ne donnent pas aux idées libérales les mêmes chances qu'aux idées socialistes de s'exprimer à l'occasion de la diffusion d'informations économiques. Malgré sa plausibilité en première analyse cet argument souffre de ne pas tenir compte d'un certain nombre de contraintes qui viennent limiter l'expression de leurs préférences personnelles par les journalistes. Il fait, d'abord, trop bon marché des effets possibles de l'« idéologie journalistique » dans laquelle l'objectivité et l'impartialité sont des valeurs prééminentes et qui peut, jusqu'à un certain point, fonctionner comme un contrepoids à la tentation de donner une place privilégiée à l'idéologie politique. De plus, le journaliste, même s'il aimerait se faire le propagandiste d'une cause spécifique, par exemple anti-libérale, doit tenir compte de ce qu'il n'est qu'en employé dans une organisation dont les responsables ultimes de la gestion (propriétaires privés ou autres) n'ont pas nécessairement le mêmes orientations politiques que lui. Bien qu'ils se flattent généralement de laisser la plus grande liberté d'expression à leurs employés, ces employeurs ne peuvent pas être sans exercer une certaine influence sur le contenu des informations et la manière de les commenter. Mais même ce facteur peut être négligeable. La question des préférences politiques des uns et des autres peut être, en effet, accessoire quand on tient compte de la situation concurrentielle dans laquelle se trouvent les différents médias. Les responsables de la gestion des médias ont des objectifs de rentabilité ou d'audience qui leur imposent de mettre, au moins, une sourdine à leur penchant à se faire plaisir idéologiquement et de donner la priorité aux attentes de leur clientèle effective et potentielle.


C'est dans cette dernière perspective que je voudrai me situer dans le reste de cette étude. Je supposerai que le journaliste moyen n'a pas d'idéologie politique marquée ou, ce qui revient au même, qu'il est amené à en faire complètement abstraction. Cette hypothèse est, sans doute, un peu excessive mais elle permet de mettre commodément l'accent sur la recherche d'autres causes possibles d'un parti-pris ou d'une apparence de parti-pris pour ou contre l'économie de marché, notamment toutes celles qui tiennent non aux caractéristiques des préférences des agents du système médiatique mais à la logique de la situation dans laquelle ils se trouvent compte tenu de la nature spécifique de ce système. Je développerai mon analyse en deux temps. Dans le premier j'examinerai d'abord les enseignements du modèle économique de référence à ce sujet puis en montrerai les insuffisances (deuxième section). Dans la seconde étape j'étudierai comment on peut corriger ce modèle d'une manière qui conduit à mieux prendre en compte les conséquences des contraintes éthiques ou déontologiques que les journalistes s'imposent à eux-mêmes (troisième section) et les particularités de la demande pour les produits des entreprises médiatiques (quatrième section).
C'est dans cette dernière perspective que je voudrai me situer dans le reste de cette étude. Je supposerai que le journaliste moyen n'a pas d'idéologie politique marquée ou, ce qui revient au même, qu'il est amené à en faire complètement abstraction. Cette hypothèse est, sans doute, un peu excessive mais elle permet de mettre commodément l'accent sur la recherche d'autres causes possibles d'un parti-pris ou d'une apparence de parti-pris pour ou contre l'économie de marché, notamment toutes celles qui tiennent non aux caractéristiques des préférences des agents du système médiatique mais à la logique de la situation dans laquelle ils se trouvent compte tenu de la nature spécifique de ce système. Je développerai mon analyse en deux temps. Dans le premier j'examinerai d'abord les enseignements du modèle économique de référence à ce sujet puis en montrerai les insuffisances (deuxième section). Dans la seconde étape j'étudierai comment on peut corriger ce modèle d'une manière qui conduit à mieux prendre en compte les conséquences des contraintes éthiques ou déontologiques que les journalistes s'imposent à eux-mêmes (troisième section) et les particularités de la demande pour les produits des entreprises médiatiques (quatrième section).


== Le modèle économique de référence, ses enseignements et ses limites. ==
== Le modèle économique de référence, ses enseignements et ses limites. ==
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Mais de quel type de "préférences" s'agit-il ici? Les auteurs qui utilisent ce modèle supposent qu'est pertinent le même axe idéologique classique gauche-droite que celui qui est censé caractériser le fonctionnement du système politique. Cette hypothèse revient à considérer que le consommateur d'information effectue ses choix en matière de journaux ou de chaînes de télévision avec les mêmes critères que lorsqu'il se demande quel bulletin il va mettre dans l'urne. Admettons le provisoirement. La conséquence en sera que les médias adopteront une position de type "centriste" telle qu'elle se trouve définie par référence à la distinction entre la gauche et la droite. Il est assez difficile d'en déduire quelque chose de clair en ce qui concerne l'attitude des médias à l'égard du libéralisme économique. La raison en est que la distinction classique gauche-droite en matière politique ne repose pas fondamentalement sur l'opposition socialisme-libéralisme économiques qui est celle sur laquelle se fondent les économistes des deux bords (d'ailleurs plutôt du bord libéral car on n'est plus très sûr de ce qui constitue le système économique idéal pour ceux qui se définissent aujourd'hui négativement comme « anti-(ultra)libéraux » plutôt que comme « [[:wl:socialisme|socialistes]] »). Si, pour y voir plus clair, on se réfère aux positions idéologiques extrêmes sur l'axe politique gauche-droite, on constate que l'extrême-droite, qui a horreur du libéralisme en général, est, sur le fond, instinctivement hostile à l'économie marchande et, « si elle s'écoutait », serait, par exemple, tout aussi favorable au protectionnisme que l'extrême-gauche.
Mais de quel type de "préférences" s'agit-il ici? Les auteurs qui utilisent ce modèle supposent qu'est pertinent le même axe idéologique classique gauche-droite que celui qui est censé caractériser le fonctionnement du système politique. Cette hypothèse revient à considérer que le consommateur d'information effectue ses choix en matière de journaux ou de chaînes de télévision avec les mêmes critères que lorsqu'il se demande quel bulletin il va mettre dans l'urne. Admettons le provisoirement. La conséquence en sera que les médias adopteront une position de type "centriste" telle qu'elle se trouve définie par référence à la distinction entre la gauche et la droite. Il est assez difficile d'en déduire quelque chose de clair en ce qui concerne l'attitude des médias à l'égard du libéralisme économique. La raison en est que la distinction classique gauche-droite en matière politique ne repose pas fondamentalement sur l'opposition socialisme-libéralisme économiques qui est celle sur laquelle se fondent les économistes des deux bords (d'ailleurs plutôt du bord libéral car on n'est plus très sûr de ce qui constitue le système économique idéal pour ceux qui se définissent aujourd'hui négativement comme « anti-(ultra)libéraux » plutôt que comme « [[:wl:socialisme|socialistes]] »). Si, pour y voir plus clair, on se réfère aux positions idéologiques extrêmes sur l'axe politique gauche-droite, on constate que l'extrême-droite, qui a horreur du libéralisme en général, est, sur le fond, instinctivement hostile à l'économie marchande et, « si elle s'écoutait », serait, par exemple, tout aussi favorable au protectionnisme que l'extrême-gauche.


En fait, en matière économique, le centrisme est peut-être mieux caractérisé par le pragmatisme et la méfiance pour les doctrines aussi bien socialistes que libérales, l'essentiel étant que l'économie du pays semble bien marcher, c'est-à-dire pas plus mal que les autres, par référence à des critères banals comme le chômage, l'inflation et la croissance. A l'époque des conflits idéologiques plus ouverts qu'aujourd'hui, être centriste était, avant tout, revendiquer le droit de ne pas prendre position de manière abstraite et absolue sur la question du rôle respectif de l'État et du marché. C'est encore plus le cas de nos jours. Quel que soit le bien fondé de cette attitude, elle conduit à une sorte d'agnosticisme sur les doctrines et à l'affirmation d'une priorité pour les aspects concrets des choix politiques qui convient naturellement aux journalistes. Ceux-ci n'aiment pas les débats d'idées de caractère essentiellement théorique pour lesquels ils n'ont pas été vraiment formés et qui ne correspondent pas à ce que l'on attend généralement d'eux. La théorie économique actuelle dépasse, d'ailleurs, de plus en plus leurs moyens (intellectuels ou en temps disponible indispensable pour s'en faire une idée à peu près juste) et ils sont ravis de voir leur ignorance légitimée par les pamphlets virulents contre celle-ci qui paraissent de temps à autre et auxquels ils contribuent à donner une notoriété qui paraît exagérée aux économistes. Mais, d'un point de vue médiatique et indépendamment de la sympathie qu'ils ont spontanément pour les thèses défendues dans ces ouvrages, il est, après tout, normal de donner un écho privilégié à des idées qui, par leur ton à la fois polémique et démagogique, sont plus susceptibles de plaire au grand public que les livres sérieux de vulgarisation que les économistes s'efforcent parfois de rédiger à l'intention de la même clientèle.
En fait, en matière économique, le [[:wl:centrisme|centrisme]] est peut-être mieux caractérisé par le pragmatisme et la méfiance pour les doctrines aussi bien socialistes que libérales, l'essentiel étant que l'économie du pays semble bien marcher, c'est-à-dire pas plus mal que les autres, par référence à des critères banals comme le chômage, l'inflation et la croissance. A l'époque des conflits idéologiques plus ouverts qu'aujourd'hui, être centriste était, avant tout, revendiquer le droit de ne pas prendre position de manière abstraite et absolue sur la question du rôle respectif de l'État et du marché. C'est encore plus le cas de nos jours. Quel que soit le bien fondé de cette attitude, elle conduit à une sorte d'agnosticisme sur les doctrines et à l'affirmation d'une priorité pour les aspects concrets des choix politiques qui convient naturellement aux journalistes. Ceux-ci n'aiment pas les débats d'idées de caractère essentiellement théorique pour lesquels ils n'ont pas été vraiment formés et qui ne correspondent pas à ce que l'on attend généralement d'eux. La théorie économique actuelle dépasse, d'ailleurs, de plus en plus leurs moyens (intellectuels ou en temps disponible indispensable pour s'en faire une idée à peu près juste) et ils sont ravis de voir leur ignorance légitimée par les pamphlets virulents contre celle-ci qui paraissent de temps à autre et auxquels ils contribuent à donner une notoriété qui paraît exagérée aux économistes. Mais, d'un point de vue médiatique et indépendamment de la sympathie qu'ils ont spontanément pour les thèses défendues dans ces ouvrages, il est, après tout, normal de donner un écho privilégié à des idées qui, par leur ton à la fois polémique et démagogique, sont plus susceptibles de plaire au grand public que les livres sérieux de vulgarisation que les économistes s'efforcent parfois de rédiger à l'intention de la même clientèle.


On voit ainsi que, si cette théorie spatiale à fondement politique est correcte, les médias non seulement ne feront pas aux solutions économiques libérales un accueil plus favorable que ne l'attend le citoyen moyen qui n'y voit que des instruments techniques à utiliser avec prudence, modération et sans esprit de système mais manifesteront une méfiance de principe à l'égard des représentants de la pensée théorique libérale. On ne peut nier que les faits, tels qu'on peut superficiellement les établir à ce sujet, ne semblent pas contredire cette théorie de façon manifeste. Elle permet aussi de comprendre pourquoi les libéraux peuvent croire que les médias sont partiaux contre l'économie de marché alors que les anti-libéraux pensent exactement le contraire. Il se trouve tout simplement que les médias adoptent une position intermédiaire qui ne convient ni aux uns ni aux autres.
On voit ainsi que, si cette théorie spatiale à fondement politique est correcte, les médias non seulement ne feront pas aux solutions économiques libérales un accueil plus favorable que ne l'attend le citoyen moyen qui n'y voit que des instruments techniques à utiliser avec prudence, modération et sans esprit de système mais manifesteront une méfiance de principe à l'égard des représentants de la pensée théorique libérale. On ne peut nier que les faits, tels qu'on peut superficiellement les établir à ce sujet, ne semblent pas contredire cette théorie de façon manifeste. Elle permet aussi de comprendre pourquoi les libéraux peuvent croire que les médias sont partiaux contre l'économie de marché alors que les anti-libéraux pensent exactement le contraire. Il se trouve tout simplement que les médias adoptent une position intermédiaire qui ne convient ni aux uns ni aux autres.
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== Le rôle de la nature du produit demandé dans la détermination de l'attitude des médias à l'égard du libéralisme. ==
== Le rôle de la nature du produit demandé dans la détermination de l'attitude des médias à l'égard du libéralisme. ==
L'accent a été mis, dans la section précédente, sur la conception que les journalistes se font de leur métier indépendamment des désirs éventuels des consommateurs quant au produit fourni. En fait ceux-ci n'ont pas été complètement oubliés. Les consommateurs aussi préfèrent les informations qui correspondent à la vérité à celles qui sont fausses et il est concevable qu'ils aiment, jusqu'à un certain point, qu'un discours un peu moralisateur conforme à leurs propres principes soit tenu à l'occasion des nouvelles qui sont diffusées. Il en est d'autant plus ainsi qu'il est souvent agréable de se donner l'impression d'être soi-même quelqu'un de moralement "bien" en se contentant de partager les émotions morales des autres.
L'accent a été mis, dans la section précédente, sur la conception que les journalistes se font de leur métier indépendamment des désirs éventuels des [[:wl:consommateur|consommateurs]] quant au produit fourni. En fait ceux-ci n'ont pas été complètement oubliés. Les consommateurs aussi préfèrent les informations qui correspondent à la vérité à celles qui sont fausses et il est concevable qu'ils aiment, jusqu'à un certain point, qu'un discours un peu moralisateur conforme à leurs propres principes soit tenu à l'occasion des nouvelles qui sont diffusées. Il en est d'autant plus ainsi qu'il est souvent agréable de se donner l'impression d'être soi-même quelqu'un de moralement "bien" en se contentant de partager les émotions morales des autres.


Mais la demande des consommateurs se manifestent aussi d'une manière qui est moins spontanément en accord avec ce que sont prêts à offrir les producteurs.
Mais la demande des consommateurs se manifestent aussi d'une manière qui est moins spontanément en accord avec ce que sont prêts à offrir les producteurs.
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* Pommerehne, W.W. et Frey, B.S. [1991], "De l'équité du marché, résultats d'un sondage sur les opinions de la population", [[:wl:Journal des économistes et des études humaines|Journal des économistes et des études humaines]], Vol. 2, N°4, décembre, pp. 449-463.
* Pommerehne, W.W. et Frey, B.S. [1991], "De l'équité du marché, résultats d'un sondage sur les opinions de la population", [[:wl:Journal des économistes et des études humaines|Journal des économistes et des études humaines]], Vol. 2, N°4, décembre, pp. 449-463.
* Sutter, D. [2001], "Can the media be so liberal? the economics of media bias", Cato Journal, Vol. 20, N° 3, winter, pp. 431-451.
* Sutter, D. [2001], "Can the media be so liberal? the economics of media bias", Cato Journal, Vol. 20, N° 3, winter, pp. 431-451.
[[:wl:Gordon Tullock|Tullock, G.]] [1967], Towards a mathematics of politics, Ann Arbor, The University of Michigan Press.
* [[:wl:Gordon Tullock|Tullock, G.]] [1967], Towards a mathematics of politics, Ann Arbor, The University of Michigan Press.
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[[wl:Alain Wolfeslsperger]]
[[wl:Alain Wolfeslsperger]]
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