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{{titre2|Présentation de l'auteur|Analyse de Catallaxia|}}
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Constant, d'une part, est sans résèrve avec la Révolution contre l'Ancien régime. Mais d'autre part, il est un critique extrêmement pénétrant et sévère de l'"esprit" ou du "style" ou des "moeurs" de la politique révolutionnaire, puis impériale.
 
Constant est du côté du système électif puisqu'il est fondé sur l'égalité, but ultime de l'histoire humaine. L'égalité n'a plus son lieu dans l'état de nature hypothétique ; son lieu est pour Constant l'histoire, plus précisément le terme de l'histoire conçue comme progrès nécessaire de l'égalité. L'hypothèse de l'état de nature conduit nécessairement à fonder le corps politique sur l'idée d'une souveraineté absolue ou suprême. En revanche, si ce qui est à représenter n'est plus le droit absolu d'un individu à sa conservation, mais un ensemble complexe d'intérêts, de propriétés, de relations, déjà constitués et en même temps incessament changeants, si ce qui est à représenter, c'est ce qu'apporte le mouvement spontané de l'histoire dans la société, alors le représentant ne peut plus réclamer la souveraineté absolue : il doit se mettre au service du mouvement social. Si l'histoire est l'autorité, si le lieu "naturel" de l'action de l'histoire est la société civile, l'instance politique se trouve dans une position essentiellement subordonnée.
Benjamin Constant, d'une part, est sans réserve avec la Révolution contre l'Ancien régime. Mais d'autre part, il est un critique extrêmement pénétrant et sévère de l'"esprit" ou du "style" ou des "mœurs" de la politique révolutionnaire, puis impériale.
 
Constant est du côté du système électif puisqu'il est fondé sur l'égalité, but ultime de l'histoire humaine. L'égalité n'a plus son lieu dans l'état de nature hypothétique ; son lieu est pour Constant l'histoire, plus précisément le terme de l'histoire conçue comme progrès nécessaire de l'égalité. L'hypothèse de l'état de nature conduit nécessairement à fonder le corps politique sur l'idée d'une souveraineté absolue ou suprême. En revanche, si ce qui est à représenter n'est plus le droit absolu d'un individu à sa conservation, mais un ensemble complexe d'intérêts, de propriétés, de relations, déjà constitués et en même temps incessamment changeants, si ce qui est à représenter, c'est ce qu'apporte le mouvement spontané de l'histoire dans la société, alors le représentant ne peut plus réclamer la souveraineté absolue : il doit se mettre au service du mouvement social. Si l'histoire est l'autorité, si le lieu "naturel" de l'action de l'histoire est la société civile, l'instance politique se trouve dans une position essentiellement subordonnée.
 
Mais, dira-t-on, l'autorité de l'histoire ne peut-elle servir au contraire à justifier le despotisme ? Alors Constant retrouve le critère naturel : il y a des choses que le pouvoir n'a en aucun cas le droit de faire. Ainsi le libéralisme de Constant, plus généralement le libéralisme post-révolutionnaire, se déplace-t-il entre deux autorités : celle de l'histoire d'abord, puis celle de la nature.
Mais, dira-t-on, l'autorité de l'histoire ne peut-elle servir au contraire à justifier le despotisme ? Alors Constant retrouve le critère naturel : il y a des choses que le pouvoir n'a en aucun cas le droit de faire. Ainsi le libéralisme de Constant, plus généralement le libéralisme post-révolutionnaire, se déplace-t-il entre deux autorités : celle de l'histoire d'abord, puis celle de la nature.


Constant admet entièrement le principe de la souveraineté du peuple. Mais aussitôt il affirme qu'il existe au contraire une partie de l'existence humaine qui, de nécessité, reste individuelle et indépendante, et qui est de droit hors de toute compétence sociale. Au point où commence l'indépendance et l'existence individuelles, s'arrête la juridiction de la souveraineté. Constant apporte ainsi une nouvelle lecture de Rousseau : "il a déclaré que la souveraineté ne pouvait être ni aliénée, ni déléguée, ni représentée. C'était déclarer en d'autres termes qu'elle ne pouvait être exercée ; c'était anéantir de fait le principe qu'il venait de proclamer".
Constant admet entièrement le principe de la souveraineté du peuple. Mais aussitôt il affirme qu'il existe au contraire une partie de l'existence humaine qui, de nécessité, reste individuelle et indépendante, et qui est de droit hors de toute compétence sociale. Au point où commence l'indépendance et l'existence individuelles, s'arrête la juridiction de la souveraineté. Constant apporte ainsi une nouvelle lecture de Rousseau : "il a déclaré que la souveraineté ne pouvait être ni aliénée, ni déléguée, ni représentée. C'était déclarer en d'autres termes qu'elle ne pouvait être exercée ; c'était anéantir de fait le principe qu'il venait de proclamer".


Mais on ne peut laisser de côté une difficulté : dire que la souveraineté du peuple est à la fois incontestable et essentiellement limitée, n'est-ce pas se contredire comme Rousseau ? Mais le concept de souveraineté du peuple ne sert pas seulement à critiquer certains gouvernements, à en montrer l'illégitimité, il fonnde de nouveaux gouvernements, il a un sens positif. Si donc une partie de l'existence humaine échappe de droit à la juridiction de la souveraineté du peuple, elle échappe à l'ordre politique lui-même. Comme celui-ci est fondé sur le consentement, il faut dire alors que cette partie de l'existence échappe à l'ordre du consentement, et qu'elle relève donc du régime de la force.
Mais on ne peut laisser de côté une difficulté : dire que la souveraineté du peuple est à la fois incontestable et essentiellement limitée, n'est-ce pas se contredire comme Rousseau ? Mais le concept de souveraineté du peuple ne sert pas seulement à critiquer certains gouvernements, à en montrer l'illégitimité, il fonde de nouveaux gouvernements, il a un sens positif. Si donc une partie de l'existence humaine échappe de droit à la juridiction de la souveraineté du peuple, elle échappe à l'ordre politique lui-même. Comme celui-ci est fondé sur le consentement, il faut dire alors que cette partie de l'existence échappe à l'ordre du consentement, et qu'elle relève donc du régime de la force.


Ce n'est pas à la logique interne de l'idée de souveraineté du peuple qu'il attribue principalement les malheurs de la Révolution ; il les impute plutôt à une image, celle de la cité antique, qui possédait l'âme des révolutionnaire. En réalité, selon que l'on fait porter le poids principal de la critique sur l'idée de souveraineté du peuple ou sur l'image de la cité antique, on dirige la pensée dans deux directions très divergentes : dans le premier cas, on met en cause une idée que le libéralisme est obligé d'avouer d'une façon ou d'une autre, on court le risque de mettre en cause le libéralisme lui-même, de devenir "réactionnaire", puisqu'on admet que certains des plus grands maux de la politique moderne ont leur source dans les principes mêmes de cette politique. Si au contraire on incrimine l'image de la cité antique, on est conduit à percevoir ces maux comme étrangers aux fondements de cette politique, à les définir comme des anachronismes.
Ce n'est pas à la logique interne de l'idée de souveraineté du peuple qu'il attribue principalement les malheurs de la Révolution ; il les impute plutôt à une image, celle de la cité antique, qui possédait l'âme des révolutionnaire. En réalité, selon que l'on fait porter le poids principal de la critique sur l'idée de souveraineté du peuple ou sur l'image de la cité antique, on dirige la pensée dans deux directions très divergentes : dans le premier cas, on met en cause une idée que le libéralisme est obligé d'avouer d'une façon ou d'une autre, on court le risque de mettre en cause le libéralisme lui-même, de devenir "réactionnaire", puisqu'on admet que certains des plus grands maux de la politique moderne ont leur source dans les principes mêmes de cette politique. Si au contraire on incrimine l'image de la cité antique, on est conduit à percevoir ces maux comme étrangers aux fondements de cette politique, à les définir comme des anachronismes.
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