Différences entre les versions de « Jagdish Bhagwati:Libre marché et moralité »

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{{titre|Le libre marché corrode-t-il la moralité de ses acteurs? Au contraire.|[[Jagdish Bhagwati]]|Publié en 2008 par la John Templeton Foundation sous le titre ''Does the free market corrode moral character? To the contrary.'' Traduction Quentin Michon, 2008}}
{{titre|Le libre marché corrode-t-il la moralité de ses acteurs? Au contraire.|[[Jagdish Bhagwati]]|Publié en 2008 par la John Templeton Foundation sous le titre ''Does the free market corrode moral character? To the contrary.'' Traduction Catallaxia, 2008}}
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De mon expérience personnelle, celui qui essaye à cette époque de parler de libre marché sur les campus universitaires se trouve ensevelli sous une avalanche de critiques envers la mondialisation. L'opposition des enseignants et des étudiants à l'expansion des marchés mondiaux dérive pour une large part d'un sens de l'altruisme, qui dérive de leur souci des questions sociales et morales. Pour résumer, ils pensent que la mondialisation n'est pas à visage humain. Je pense le contraire. La mondialisation, je le montrerai, conduit non seulement à la prospérité et à sa diffusion mais aussi à des conséquences éthiques et à une plus grande moralité parmi ses acteurs.
D'après mon expérience personnelle, celui qui, à cette époque, essaye de parler de libre marché sur les campus universitaires se trouve enseveli sous une avalanche de critiques envers la mondialisation. L'opposition des enseignants et des étudiants à l'expansion des marchés mondiaux dérive pour une large part d'un sens de l'altruisme, qui dérive de leur souci des questions sociales et morales. Synthétiquement, ils pensent que la mondialisation n'est pas à visage humain. Je pense le contraire. La mondialisation, je le montrerai, conduit non seulement à la prospérité et à sa diffusion mais aussi à des conséquences éthiques et à une plus grande moralité parmi ses acteurs.


Nombre de ses critiques croient que la mondialisation défait certaines avancées sociales ou éthiques comme la réduction du travail des enfants et de la pauvreté dans les pays pauvres ou la promotion de l'égalité des sexes et la protection de l'environnement dans le monde entier. Cependant, quand j'ai examiné ces questions et d'autres dans mon livre ''En défense de la mondialisation'', j'ai trouvé que les conséquences réelles étaient à l'opposé de ces craintes.
Nombre de ses critiques croient que la mondialisation défait certaines avancées sociales ou éthiques comme la réduction du travail des enfants et de la pauvreté dans les pays pauvres ou la promotion de l'égalité des sexes et la protection de l'environnement dans le monde entier. Cependant, quand j'ai examiné ces questions et d'autres dans mon livre ''En défense de la mondialisation'', j'ai trouvé que les conséquences réelles étaient à l'opposé de ces craintes.
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Par exemple, nombreux sont ceux qui croyaient que les paysans réagiraient aux opportunités apportées par la mondialisation en retirant leurs enfants de l'école et en les faisant travailler. L'expansion du libre marché agirait alors comme une force négative. Mais j'ai montré que c'est l'opposé qui était vrai. Il s'est avéré que, dans de nombreux cas, les gains supplémentaires permis par la mondialisation - bénéfices croissants des planteurs de riz au Vietnam par exemple - ont incité les parents à laisser leurs enfants à l'école. Après tout, ils n'avaient plus besoin du maigre revenu supplémentaire que le travail d'un enfant peut rapporter.
Par exemple, nombreux sont ceux qui croyaient que les paysans réagiraient aux opportunités apportées par la mondialisation en retirant leurs enfants de l'école et en les faisant travailler. L'expansion du libre marché agirait alors comme une force négative. Mais j'ai montré que c'est l'opposé qui était vrai. Il s'est avéré que, dans de nombreux cas, les gains supplémentaires permis par la mondialisation - bénéfices croissants des planteurs de riz au Vietnam par exemple - ont incité les parents à laisser leurs enfants à l'école. Après tout, ils n'avaient plus besoin du maigre revenu supplémentaire que le travail d'un enfant peut rapporter.


Considérons l'égalité des sexes : avec la mondialisation, les industries qui produisent des biens et des services échangés sur le marché mondial doivent faire face à une concurrence internationale avivée. Cette concurrence a réduit le fossé béant qui existait dans de nombreux pays en développements entre les salaires payés, à qualification égale, à un homme et à une femme. Pourquoi. Parce que les entreprises confrontées à une concurrence mondiales réalisent rapidement qu'elles ne peuvent se permettre cette préférence masculine. Obligée s de réduire leurs couts et de fonctionner de manière plus efficace, elles passent de plus en plus d'une main d'œuvre masculine chère à une main d'œuvre féminine bon marché. Ce faisant, elles augmentent le salaire des femmes et réduisent celui des hommes. La mondialisation n'a pas encore produit l'égalité salariale mais elle en a certainement réduit l'importance.
Considérons l'égalité des sexes : avec la mondialisation, les industries qui produisent des biens et des services échangés sur le marché mondial doivent faire face à une concurrence internationale avivée. Cette concurrence a réduit le fossé béant qui existait dans de nombreux pays en développements entre les salaires payés, à qualification égale, à un homme et à une femme. Pourquoi? Parce que les entreprises confrontées à une concurrence mondiales réalisent rapidement qu'elles ne peuvent se permettre cette préférence masculine. Obligées de réduire leurs coûts et de fonctionner de manière plus efficace, elles passent de plus en plus d'une main d'œuvre masculine chère à une main d'œuvre féminine bon marché. Ce faisant, elles augmentent le salaire des femmes et réduisent celui des hommes. La mondialisation n'a pas encore produit l'égalité salariale mais elle en a certainement réduit l'importance.


Il y a désormais des preuves nombreuses que la Chine et l'Inde, deux nations avec d'immenses problèmes de pauvreté, ont réussi à croître si rapidement en prenant avantage du commerce et des investissements extérieurs et que, par là, elles ont réduit la pauvreté de façon très importante. La route est encore longue mais la mondialisation a permis d'améliorer les conditions de vie de centaines de millions de leurs habitants. Certains détracteurs ont attaqué l'idée de réduire la pauvreté par la croissance économique, lui reprochant d'être une stratégie conservatrice de ''trickle-down'' (NdT: Moins imposer les plus riches en espérant que cela profitera aux plus pauvres). Ils évoquent des images de riches suralimentés et gloutons ou de bourgeois mangeant du gigot quand les serfs et les chiens se contentent des miettes sous la table. En réalité, se concentrer sur la croissance économique est une stratégie activiste qui tire tout le monde vers le haut ("pull-up" strategy).
Il y a désormais des preuves nombreuses que la Chine et l'Inde, deux nations avec d'immenses problèmes de pauvreté, ont réussi à croître si rapidement en prenant avantage du commerce et des investissements extérieurs et que, par là, elles ont réduit la pauvreté de façon très importante. La route est encore longue mais la mondialisation a permis d'améliorer les conditions de vie de centaines de millions de leurs habitants. Certains détracteurs ont attaqué l'idée de réduire la pauvreté par la croissance économique, lui reprochant d'être une stratégie conservatrice de ''trickle-down'' (NdT: Moins imposer les plus riches en espérant que cela profitera aux plus pauvres). Ils évoquent des images de riches suralimentés et gloutons ou de bourgeois mangeant du gigot quand les serfs et les chiens se contentent des miettes à leurs pieds. En réalité, se concentrer sur la croissance économique est une stratégie activiste qui tire tout le monde vers le haut ("pull-up" strategy).


Même s'ils reconnaissent que la mondialisation permet généralement l'accomplissement de certains objectifs sociaux, certains critiques soutiennent qu'elle corrode la moralité de ses acteurs. Selon eux, l'expansion du libre marché élargit le domaine sur lequel la poursuite du profit règne et cette recherche du profit rend les individus égoïstes et malfaisants. Cela est à peine plausible. Regardons les bourgeois calvinistes décrits par Simon Schama dans son histoire des Pays-Bas. Ils ont construit leur fortune sur le commerce international mais ont cédé à l'altruisme et non à leurs appétits personnels, montrant ce que Schama appela avec justesse des "embarras de la richesse" ("embarassment of riches"). Une telle auto-limitation peut aussi être observé chez les Jaïns du Gujarat, cet état indien dont était originaire le Mahatma Gandhi. Les richesses que les Jaïns tirèrent de leurs activités commerciales ont servi leurs valeurs et non l'inverse.
Même s'ils reconnaissent que la mondialisation permet généralement l'accomplissement de certains objectifs sociaux, certains critiques soutiennent qu'elle corrode la moralité de ses acteurs. Selon eux, l'expansion du libre marché élargit le domaine sur lequel la poursuite du profit règne et cette recherche du profit rend les individus égoïstes et malfaisants. Cela est à peine plausible. Regardons les bourgeois calvinistes décrits par Simon Schama dans son histoire des Pays-Bas. Ils ont construit leur fortune sur le commerce international mais ont cédé à l'altruisme et non à leurs appétits personnels, montrant ce que Schama appela avec justesse des "embarras de la richesse" ("embarassment of riches"). Une telle auto-limitation peut aussi être observé chez les Jaïns du Gujarat, cet état indien dont était originaire le Mahatma Gandhi. Les richesses que les Jaïns tirèrent de leurs activités commerciales ont servi leurs valeurs et non l'inverse.
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