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Jacques Garello
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Jacques Garello:Altermondialisme et anticapitalisme
Altermondialisme et anticapitalisme


Anonyme


Paru initialement comme éditorial de l'Aleps, sur le site libres.org

Exception française : la France entière vit à l’heure de l’altermondialisme. Cette « doctrine » n’est plus l’apanage d’une gauche extrême, elle a conquis tous les esprits, à commencer par celui de notre Président et des dirigeants de l’UMP.

Puisque l’altermondialisme ne peut se prévaloir sérieusement d’aucun argument économique, social, écologique ou moral, seules deux catégories de personnes peuvent y adhérer : les ignorants, et les idéologues. Passe encore qu’une grande partie de la population soit ignorante, victime de la désinformation et de l’inculture grandissantes. Mais on admet moins cette ignorance de la part de personnalités éminentes, qui prétendent gouverner le pays sinon la planète. Quant aux idéologues, ils voient dans l’altermondialisme une revanche historique sur le capitalisme qu’ils honnissent, ils reconstituent l’Internationale communiste. On peut enfin retrouver le plaisir de chanter cette fameuse Internationale, sans crainte de s’entendre parler des goulags, des génocides, de Staline, Pol Pot, Mao et autres bienfaiteurs de l’humanité. L’Internationale redevint l’hymne du socialisme à visage humain ! Je n’ose pas croire que par simple calcul électoral des hommes politiques qui ne partagent pas cette idéologie de la mort puissent admettre l’altermondialisme.

Je reste donc, pour l’instant, sur la thèse de l’ignorance, fût-elle coupable voire scandaleuse. Qu’ignorent donc ces alliés objectifs des marxistes revanchards ?

Ils ignorent des évidences économiques : la mondialisation définie comme le libre-échange mondial et total, est source de prospérité pour tous, et en particulier pour les pays les plus pauvres. Quand on mesure l’écart entre riches et pauvres, il se réduit quand les pauvres bénéficient d’une économie ouverte au commerce international, il augmente quand ils se replient sur eux-mêmes. Les « économies émergentes » (Ouest Pacifique) sont celles qui acceptent les règles de la liberté économique. Aucune surprise à cela : la concurrence oblige chacun à la performance, la liberté permet d’innover et de tirer parti du potentiel humain considérable de ces pays (même quand ils n’ont aucune ressource naturelle –c’est le cas de la Corée par exemple). Faut-il donc, une fois de plus, rappeler la distance entre les deux Corée, naguère les deux Allemagne, comme aujourd’hui l’île Maurice et la Réunion, le Maroc et l’Algérie ? Une autre évidence devrait ébranler les tenants (naïfs) de l’altermondialisme : ce sont les pays qui ont reçu l’aide publique la plus massive qui se trouvent aujourd’hui en ruines. Il vaut mieux faire confiance au commerce qu’à l’aide (« not aid, but trade »).

Ils ignorent aussi les retombées sociales : la mondialisation permet à des peuples entiers d’accéder au savoir, d’améliorer le niveau de vie de tous, de scolariser les enfants. Si dans les pays pauvres les salaires sont très inférieurs à ce qu’ils sont dans les pays riches, ce n’est pas l’effet de l’exploitation ni d’une concurrence déloyale. C’est d’une part que le niveau de la productivité est très faible pour l’instant, c’est d’autre part la possibilité d’amorcer une longue ascension sociale qui conduira ces travailleurs à se qualifier, à envoyer leurs enfants à l’école, de sorte que la génération suivante aura un savoir-faire qui lui permettra de toucher des salaires plus élevés. Dans les pires des cas toucher un salaire de survie est mieux que ne pas survivre. Dans l’autre sens de nombreux travailleurs des pays riches ont des revenus très supérieurs à ce que leur productivité et leur qualification autoriseraient : il ne faut pas s’étonner si à la longue ils sont exclus du marché mondial du travail par ceux qui font de vrais efforts et rendent de vrais services.

Ils ignorent encore les vraies raisons des menaces sur l’environnement : elles proviennent non pas du commerce international et de la surconsommation d’énergie, mais des initiatives politiques qui ont tué la propriété privée, la responsabilité et donnent une prime au pillage par les trafiquants et les nomenklaturas. Ce sont les pays socialisés et les économies planifiées qui engendrent les pires dégâts, c’est le marché des droits de propriété qui fournit la solution.

Ils ignorent enfin les changements de mentalités dans le sens d’une compréhension entre les peuples. La mondialisation crée des solidarités entre des gens que tout pourrait séparer, depuis la distance jusqu’à la culture. Elle apprend la diversité, la complémentarité aussi. En affaiblissant les Etats, la mondialisation dépolitise les relations internationales.

Peut-être est-ce la seule chose qu’ils n’ignorent pas : ils pressentent que désormais la mondialisation va les obliger à compter avec les étrangers, réduira leur marge de manoeuvre en interdisant les manipulations monétaires, budgétaires, fiscales, réglementaires, et condamnera les administrations et entreprises publiques trop onéreuses et mal gérées. Chant du cygne de l’Etat Providence.

Voilà d’ailleurs où convergent les intérêts de la classe politique et des idéologues. Ils cultivent en commun la religion de l’Etat, ils rejettent la libre concurrence, ils n’aiment pas le capitalisme qui a le tort de donner aux hommes la liberté d’exercer leur droit à l’initiative, et qui met tous les efforts au service de la communauté. Eux et eux seuls veulent penser le futur, eux et eux seuls veulent organiser la vie en société. Leur rêve commun : l’Etat mondial. La mondialisation du pouvoir leur fait moins peur que la perte de pouvoir. Tous d’accord : anti-capitalistes, alter-mondialistes !

wl:Jacques Garello