Différences entre les versions de « Pascal Salin:L'« indépendance » des journalistes »

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Mais revenons à l'exemple français cité ci-dessus, c'est-à-dire celui des Echos. Ce qui était en cause, semble-t-il, dans ce cas, ce n'était pas seulement un souci d'indépendance dans la détermination de la ligne éditoriale, mais un aspect plus spécifique du problème. Il a été souligné en effet que, Les Echos ayant essentiellement pour tâche d'analyser la vie des affaires, il y avait un risque que les journalistes ne puissent pas exprimer librement leurs jugements dans le cas où les affaires du propriétaire seraient concernées. On comprend cette crainte, mais il ne faut peut-être pas l'exagérer.  
Mais revenons à l'exemple français cité ci-dessus, c'est-à-dire celui des Echos. Ce qui était en cause, semble-t-il, dans ce cas, ce n'était pas seulement un souci d'indépendance dans la détermination de la ligne éditoriale, mais un aspect plus spécifique du problème. Il a été souligné en effet que, Les Echos ayant essentiellement pour tâche d'analyser la vie des affaires, il y avait un risque que les journalistes ne puissent pas exprimer librement leurs jugements dans le cas où les affaires du propriétaire seraient concernées. On comprend cette crainte, mais il ne faut peut-être pas l'exagérer.  


En effet, dans la mesure où il existe un grand nombre de moyens d'information, le propriétaire d'un journal qui utiliserait celui-ci dans son propre intérêt – par exemple en masquant des difficultés de l'une ou l'autre de ses entreprises – perdrait toute crédibilité. Il serait en fait de son intérêt de laisser la plus grande liberté d'expression aux journalistes précisément dans ce cas-là. Mais, bien entendu, on ne peut pas en être certain, car personne ne connaît les intentions d'autrui, personne ne peut prévoir la manière dont tel ou tel se comportera dans des circonstances imprévues. Ne faut-il alors pas accepter ce qui constitue les risques de la vie, avec ses bonnes et ses mauvaises surprises? Mais il faut en tout cas éviter qu'une inquiétude spécifique – par exemple celle qui concerne un possible conflit d'intérêts – ne conduise à émettre une revendication excessive, comme cela est le cas au sujet de l'indépendance des journalistes. Et il faut aussi, et surtout, éviter qu'une législation trop favorable à l'indépendance des journalistes ne vienne vider le droit du propriétaire d'une grande partie de son contenu.  
En effet, dans la mesure où il existe un grand nombre de moyens d'information, le propriétaire d'un journal qui utiliserait celui-ci dans son propre intérêt – par exemple en masquant des difficultés de l'une ou l'autre de ses entreprises – perdrait toute crédibilité. Il serait en fait de son intérêt de laisser la[https://www.wikiberal.org/wiki/Libert%C3%A9_d'expression_en_France  plus grande liberté d'expression en France] aux journalistes précisément dans ce cas-là. Mais, bien entendu, on ne peut pas en être certain, car personne ne connaît les intentions d'autrui, personne ne peut prévoir la manière dont tel ou tel se comportera dans des circonstances imprévues. Ne faut-il alors pas accepter ce qui constitue les risques de la vie, avec ses bonnes et ses mauvaises surprises? Mais il faut en tout cas éviter qu'une inquiétude spécifique – par exemple celle qui concerne un possible conflit d'intérêts – ne conduise à émettre une revendication excessive, comme cela est le cas au sujet de l'indépendance des journalistes. Et il faut aussi, et surtout, éviter qu'une législation trop favorable à l'indépendance des journalistes ne vienne vider le droit du propriétaire d'une grande partie de son contenu.  


C'est bien pourtant ce qui se passe en France où, par exemple, le recours à la « clause de conscience » permet à un journaliste de percevoir d'importantes indemnités s'il quitte un journal en invoquant un désaccord avec la ligne éditoriale. Cette disposition permet à un journaliste de faire planer une menace sur le propriétaire d'un journal et lui permet donc de préserver son « indépendance ». La protection de son indépendance transfère une partie du droit de propriété à son profit sans qu'il ait par ailleurs à supporter les risques correspondants.  
C'est bien pourtant ce qui se passe en France où, par exemple, le recours à la « clause de conscience » permet à un journaliste de percevoir d'importantes indemnités s'il quitte un journal en invoquant un désaccord avec la ligne éditoriale. Cette disposition permet à un journaliste de faire planer une menace sur le propriétaire d'un journal et lui permet donc de préserver son « indépendance ». La protection de son indépendance transfère une partie du droit de propriété à son profit sans qu'il ait par ailleurs à supporter les risques correspondants.  
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