Philippe Simonnot:Intérêt, propriété et démocratie

Philippe Simonnot
né en 1939
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Auteur anarcho-capitaliste
Citations
« Je pense que si Constitution il doit y avoir, elle doit être de type hayékien, c’est-à-dire le moins possible soumise aux aléas de la politique conjoncturelle et forgée sur des principes garantissant les libertés individuelles, la liberté des échanges et les droits de propriété. »
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Intérêt, propriété et démocratie


Anonyme


Reconstituer l'histoire de l'humanité à partir de l'évolution des taux d'intérêt, c'est à ce résultat étonnant qu'aboutit l'économiste américain Hans-Hermann Hoppe dans son dernier ouvrage, Democracy - The God That Failed. Dans l'³ état de nature ², le taux de préférence pour le présent, que mesure le taux d'intérêt, est très élevé. Toute épargne est impossible, on a intérêt à tout consommer. Le procès de civilisation commence lorsque des individus épargnent pour investir.


Mais ils ne peuvent le faire que s'ils sont assurés de récolter les fruits de leur investissement, autrement dit, si leurs droits de propriété sont garantis. Les taux d'intérêt peuvent alors baisser. La tendance à la baisse des taux, coextensive au procès de civilisation, peut être interrompue par deux facteurs extérieurs : des activités criminelles ou des interventions de l'Etat. La caractéristique des atteintes criminelles aux droits de propriété, c'est qu'elles sont considérées comme illégitimes ou injustes par les victimes, par les détenteurs de droits de propriété en général, et même peut-être par les criminels. La victime passe pour être en droit de se protéger. Une fois qu'elle a fait des investissements pour se défendre, à supposer qu'ils soient efficaces, le procès de civilisation peut reprendre, et avec lui la baisse des taux d'intérêt. Il n'en va pas de même en cas d'intervention gouvernementale. Pour Hoppe la fiscalité est, tout autant que le vol, une violation du droit de propriété. Elle a donc les mêmes effets. Mais, cette fois, il s'agit d'une violation ³ légitime ², et la victime ne peut ni s'en plaindre ni s'en défendre, sauf à se mettre dans l'illégalité. On rentre alors, selon l'auteur, dans un procès de dé-civilisation. Les choses s'aggravent lorsque l'on passe d'un régime monarchique à un régime démocratique. Un monarque, considérant le royaume qu'il dirige comme sa propriété héréditaire, aura intérêt à ménager ses sujets-contribuables, car il aura une vision à long terme pour laisser un héritage au moins intact à ses enfants. Il se comportera comme un bon père de famille. Le prélèvement fiscal sera donc peu élevé. Il n'en va pas de même en démocratie.


Vision courte

N'importe qui, en principe, peut accéder au pouvoir, ce qui nourrit l'illusion que personne n'est gouverné par personne. La transition de monarchie en démocratie apparaît comme un progrès. Néanmoins, les gens qui sont au pouvoir ne sont pas propriétaires du territoire qu'ils gouvernent, mais seulement ses locataires. Leur vision est plus courte. Ils vont chercher à maximiser le revenu gouvernemental qu'ils peuvent tirer, sans se préoccuper du capital dont ce revenu est tiré. Il va en résulter une croissance irrépressible de la dette publique et du fardeau fiscal, et donc une augmentation de la préférence pour le présent et des taux d'intérêt. Hoppe inscrit cette analyse dans le temps historique. La première guerre mondiale s'est terminée, rappelle-t-il, par une victoire du principe démocratique sur le principe monarchique, le grand vaincu étant l'Empire austro-hongois. Et le résultat a été conforme à ce que laissait prévoir l'analyse de Hoppe.

wl:Philippe Simonnot

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