Différences entre les versions de « Raymond Aron:Portrait d'un penseur libéral qui échappe aux classifications hâtives »

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Aron s'est en effet toujours distingué par ses talents multiples et il ne fut jamais aisé de l'enchâsser dans une catégorie bien définie. D'abord séduit par le socialisme, durant ses études à l'Ecole normale supérieure, puis rallié au gaullisme, il conservera toute sa vie une attitude distante à l'égard du Général, au parti duquel il n'adhérera que brièvement. Aron est avant tout un observateur hors pair de la vie politique de la seconde moitié du XXe siècle, qu'il analyse sous l'angle des rapports de force économiques, des relations internationales, de la lutte pour la liberté. De la philosophie de l'histoire à la sociologie, du journalisme, pour Le Figaro, à la Sorbonne et au Collège de France, il démontrera toujours un courage indéfectible, quitte à se mettre en porte-à-faux avec son environnement. Opposé à l'utopie marxiste contre ses camarades Sartre et Merleau-Ponty, il défendra la cause algérienne, alors que de Gaulle n'en avait pas encore fait son cheval de bataille, et soutiendra l'OTAN dans un pays peu connu pour son amour de l'Amérique.
Aron s'est en effet toujours distingué par ses talents multiples et il ne fut jamais aisé de l'enchâsser dans une catégorie bien définie. D'abord séduit par le socialisme, durant ses études à l'Ecole normale supérieure, puis rallié au gaullisme, il conservera toute sa vie une attitude distante à l'égard du Général, au parti duquel il n'adhérera que brièvement. Aron est avant tout un observateur hors pair de la vie politique de la seconde moitié du XXe siècle, qu'il analyse sous l'angle des rapports de force économiques, des relations internationales, de la lutte pour la liberté. De la philosophie de l'histoire à la sociologie, du journalisme, pour Le Figaro, à la Sorbonne et au Collège de France, il démontrera toujours un courage indéfectible, quitte à se mettre en porte-à-faux avec son environnement. Opposé à l'utopie marxiste contre ses camarades Sartre et Merleau-Ponty, il défendra la cause algérienne, alors que de Gaulle n'en avait pas encore fait son cheval de bataille, et soutiendra l'OTAN dans un pays peu connu pour son amour de l'Amérique.


Aron est un penseur indépendant, capable d'appliquer sur les phénomènes qu'il analyse des grilles de lecture sans partis pris, issues de sa connaissance approfondie de Machiavel, Montesquieu, Comte, Max Weber, Pareto et, surtout, Marx, qui le fascine malgré son rejet d'une lutte des classes qu'il sait sans fondement, et Tocqueville, son auteur préféré. Cette dernière référence suffit-elle à classer Aron comme un théoricien du libéralisme? Quand bien même il n'aurait sans doute pas accepté cette étiquette sans autre, Aron a bel et bien dressé le cadre conceptuel dans lequel se développera, et s'épanouira, le libéralisme politique dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Son analyse des sociétés industrielles, c'est-à-dire des régimes occidentaux, et de leur contre-modèle soviétique, débouche à l'évidence une vaste réflexion sur ce qu'est le libéralisme. C'est sur cet aspect de la pensée, éminemment actuelle, d'Aron que je me concentrerai.
Aron est un penseur indépendant, capable d'appliquer sur les phénomènes qu'il analyse des grilles de lecture sans partis pris, issues de sa connaissance approfondie de Machiavel, Montesquieu, Comte, Max Weber, [https://www.wikiberal.org/wiki/Vilfredo_Pareto Pareto] et, surtout, Marx, qui le fascine malgré son rejet d'une lutte des classes qu'il sait sans fondement, et Tocqueville, son auteur préféré. Cette dernière référence suffit-elle à classer Aron comme un théoricien du libéralisme? Quand bien même il n'aurait sans doute pas accepté cette étiquette sans autre, Aron a bel et bien dressé le cadre conceptuel dans lequel se développera, et s'épanouira, le libéralisme politique dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Son analyse des sociétés industrielles, c'est-à-dire des régimes occidentaux, et de leur contre-modèle soviétique, débouche à l'évidence une vaste réflexion sur ce qu'est le libéralisme. C'est sur cet aspect de la pensée, éminemment actuelle, d'Aron que je me concentrerai.


Aron définit les régimes occidentaux comme des régimes constitutionnels-pluralistes, dans lesquels les partis se livrent une compétition en vue de l'exercice au pouvoir. Ces régimes, par leur nature, appellent l'élaboration de compromis dans le respect de la loi, dans la mesure où ils «tendent à une réglementation pacifique des conflits et à un renouvellement régulier des équipes». En bon libéral, Aron tient au maintien de la distance entre le pouvoir politique, qui s'incarne dans l'Etat, et la puissance sociale. Ainsi est évité ce qu'il considère comme un mal incurable, conséquence inévitable du marxisme: la planification.
Aron définit les régimes occidentaux comme des régimes constitutionnels-pluralistes, dans lesquels les partis se livrent une compétition en vue de l'exercice au pouvoir. Ces régimes, par leur nature, appellent l'élaboration de compromis dans le respect de la loi, dans la mesure où ils «tendent à une réglementation pacifique des conflits et à un renouvellement régulier des équipes». En bon libéral, Aron tient au maintien de la distance entre le pouvoir politique, qui s'incarne dans l'Etat, et la puissance sociale. Ainsi est évité ce qu'il considère comme un mal incurable, conséquence inévitable du marxisme: la planification.
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