Différences entre les versions de « Philippe Nataf:Peut-on faire disparaître les cycles économiques. Le secret de la banque libre. »

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=== L'École de la Liberté des Banques (dite de la Banque Libre) ===
=== L'École de la Liberté des Banques (dite de la Banque Libre) ===
C'est ici qu'intervient la troisième école, l'École de la liberté des banques<ref>[[:wl:Vera C. Smith Lutz|Vera C. Smith]], dans ''The Rationale of Central Banking'', distingue deux sortes de partisans de la banque libre: ceux qui à l'instar de !a Banking School souhaitent l'expansion artificielle de crédit et ceux qui comme les partisans de la ''Currency School'' pensent que la liberté est la voie la plus sûre pour réaliser le ''currency principle''.</ref> (''Free Banking School''), qui date aussi de l'après-crise de 1825-26. Que dit-elle ? L'augmentation de l'actif des banques est certainement à l'origine des crises. De ce point, de vue, l'École de la Banque Libre britannique est d'accord avec celle de la Circulation pour voir l'origine économique au niveau du crédit bancaire. En revanche, la divergence intervient quant à l'origine, côté passif, des fonds qui financent cette création de crédit artificiel. Ainsi, l'Ecole de la banque libre donne raison à l'analyse de la Banking School (Tooke et Fullarton). Il est vrai que l'origine de ces crédits n'est pas essentiellement des billets de banque, ni pour la phase d'expansion, ni dans la phase de récession. Les chiffres montrent bien que la quantité de billets dans les crises britanniques de 1825 et de 1837 ne varie pas beaucoup en période d'expansion, n'augmente pratiquement pas en période de dépression et ne baisse quasiment pas en ce qui concerne la partie « dépôts » que l'on appelle aujourd'hui scripturale<ref>"Crises commerciales", [[Charles Coquelin]], ''Dictionnaire de l'Économie Politique'', Paris, Guillaumin, 1854</ref>. Pendant les périodes d'expansion, le volume de la monnaie scripturale augmente beaucoup ; en période de crise ou de dépression, la monnaie scripturale et les dépôts à vue diminuent considérablement. Donc, l'analyse de l'École de la banque libre affirme que la crise est déclenchée par la création de dépôts, et que cette création de monnaie scripturale permet aux banques, et en particulier à la Banque d'Angleterre, de prêter les fonds non épargnés à l'ensemble de l'économie. C'est ce phénomène qui est fondamental pour comprendre le développement du cycle.
C'est ici qu'intervient la troisième école, l'École de la liberté des banques<ref>[[:wl:Vera C. Smith Lutz|Vera C. Smith]], dans ''The Rationale of Central Banking'', distingue deux sortes de partisans de la banque libre: ceux qui à l'instar de !a Banking School souhaitent l'expansion artificielle de crédit et ceux qui comme les partisans de la ''Currency School'' pensent que la liberté est la voie la plus sûre pour réaliser le ''currency principle''.</ref> (''Free Banking School''), qui date aussi de l'après-crise de 1825-26. Que dit-elle ? L'augmentation de l'actif des banques est certainement à l'origine des crises. De ce point, de vue, l'École de la Banque Libre britannique est d'accord avec celle de la Circulation pour voir l'origine économique au niveau du crédit bancaire. En revanche, la divergence intervient quant à l'origine, côté passif, des fonds qui financent cette création de crédit artificiel. Ainsi, l'Ecole de la banque libre donne raison à l'analyse de la Banking School (Tooke et Fullarton). Il est vrai que l'origine de ces crédits n'est pas essentiellement des billets de banque, ni pour la phase d'expansion, ni dans la phase de récession. Les chiffres montrent bien que la quantité de billets dans les crises britanniques de 1825 et de 1837 ne varie pas beaucoup en période d'expansion, n'augmente pratiquement pas en période de dépression et ne baisse quasiment pas en ce qui concerne la partie « dépôts » que l'on appelle aujourd'hui scripturale<ref>"Crises commerciales", [[:wl:Charles Coquelin|Charles Coquelin]], ''Dictionnaire de l'Économie Politique'', Paris, Guillaumin, 1854</ref>. Pendant les périodes d'expansion, le volume de la monnaie scripturale augmente beaucoup ; en période de crise ou de dépression, la monnaie scripturale et les dépôts à vue diminuent considérablement. Donc, l'analyse de l'École de la banque libre affirme que la crise est déclenchée par la création de dépôts, et que cette création de monnaie scripturale permet aux banques, et en particulier à la Banque d'Angleterre, de prêter les fonds non épargnés à l'ensemble de l'économie. C'est ce phénomène qui est fondamental pour comprendre le développement du cycle.


Comment se fait-il que la Banque de Londres, future Banque d'Angleterre, possède une capacité importante de pouvoir créer artificiellement à la fois de la monnaie scripturale et du crédit bancaire ? Qu'est-ce qui fait que cette banque a la possibilité de lancer l'économie dans de fausses pistes, de créer une fausse expansion et provoquer une hausse des prix, puis inéluctablement des crises récurrentes ? D'après l'École de la banque libre, la Banque d'Angleterre est la seule à posséder une charte officielle, c'est-à-dire des privilèges. La Banque d'Angleterre est la seule banque à avoir le statut de société commerciale. Ensuite, il existe évidemment de petits banquiers privés, faibles en surface financière, qui ne peuvent s'associer entre eux. En revanche, la Banque d'Angleterre (comme la Banque de France) bénéficie du soutien d'un certain nombre de banques privées qui lui apportent des fonds considérables. A Londres et dans un rayon de 65 miles autour de la capitale, il était interdit de créer des banques sous forme de sociétés commerciales. Ce n'était pas le cas en Écosse, ni dans le reste de l'Angleterre.
Comment se fait-il que la Banque de Londres, future Banque d'Angleterre, possède une capacité importante de pouvoir créer artificiellement à la fois de la monnaie scripturale et du crédit bancaire ? Qu'est-ce qui fait que cette banque a la possibilité de lancer l'économie dans de fausses pistes, de créer une fausse expansion et provoquer une hausse des prix, puis inéluctablement des crises récurrentes ? D'après l'École de la banque libre, la Banque d'Angleterre est la seule à posséder une charte officielle, c'est-à-dire des privilèges. La Banque d'Angleterre est la seule banque à avoir le statut de société commerciale. Ensuite, il existe évidemment de petits banquiers privés, faibles en surface financière, qui ne peuvent s'associer entre eux. En revanche, la Banque d'Angleterre (comme la Banque de France) bénéficie du soutien d'un certain nombre de banques privées qui lui apportent des fonds considérables. A Londres et dans un rayon de 65 miles autour de la capitale, il était interdit de créer des banques sous forme de sociétés commerciales. Ce n'était pas le cas en Écosse, ni dans le reste de l'Angleterre.
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A cette époque charnière pour le libre-échange et l'établissement de banques commerciales il se passe quelque chose de très important. Une législation nouvelle autorise les sociétés commerciales à s'établir sous forme de société anonyme. C'est une révolution juridique qui permet le développement de quelques sociétés commerciales de façon quasiment illimitée. Tout le monde reconnaît que la révolution industrielle en France pendant la première partie du 19ème siècle est insignifiante. En revanche, après 1860 se produit un développement économique considérable qui, lui aussi, peut être analysé de deux façons. Ou bien l'on pense que le développement économique a donné naissance au libre-échange, aux banques et aux sociétés commerciales ; ou bien le lien de causalité est inversé. C'est l'autorisation de sociétés commerciales, de banques et de libre-échange qui a permis le développement économique. Encore une fois, ce débat ne peut être tranché que par un raisonnement logique, mais en aucun cas en citant des faits historiques ou statistiques. Il appartient à la raison et à la logique de déterminer si la causalité s'effectue dans un sens ou dans l'autre. Il est illogique, par exemple, de soutenir que si l'on a émis beaucoup d'assignats, c'est parce que les prix montaient.
A cette époque charnière pour le libre-échange et l'établissement de banques commerciales il se passe quelque chose de très important. Une législation nouvelle autorise les sociétés commerciales à s'établir sous forme de société anonyme. C'est une révolution juridique qui permet le développement de quelques sociétés commerciales de façon quasiment illimitée. Tout le monde reconnaît que la révolution industrielle en France pendant la première partie du 19ème siècle est insignifiante. En revanche, après 1860 se produit un développement économique considérable qui, lui aussi, peut être analysé de deux façons. Ou bien l'on pense que le développement économique a donné naissance au libre-échange, aux banques et aux sociétés commerciales ; ou bien le lien de causalité est inversé. C'est l'autorisation de sociétés commerciales, de banques et de libre-échange qui a permis le développement économique. Encore une fois, ce débat ne peut être tranché que par un raisonnement logique, mais en aucun cas en citant des faits historiques ou statistiques. Il appartient à la raison et à la logique de déterminer si la causalité s'effectue dans un sens ou dans l'autre. Il est illogique, par exemple, de soutenir que si l'on a émis beaucoup d'assignats, c'est parce que les prix montaient.


== La libre concurrence limite strictement l'émission artificielle; elle "stabilise" les banques et la valeur de la monnaie ==
<pdf>http://www.catallaxia.org/w/images/e/eb/Nataf3.pdf</pdf>


Paris le 27 Mars 1997
== Notes et références ==
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[[wl:Philippe Nataf]]
[[wl:Philippe Nataf]]
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