Germaine de Stael:La transition idéologique

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Germaine de Stael
1766–1817
Stael.gif
Auteur Libéral classique
Citations
« Un pays ne peut être gouverné longtemps par des scélérats, mais très longtemps par des demi-honnêtes gens, et c'est l'espèce la plus recherchée comme instrument par les factieux ardents et tyranniques. »
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Germaine de Stael:La transition idéologique
La transition idéologique et Germaine de Stael


Anonyme
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Mme de Staël marque le relais entre les encyclopédistes du XVIIIe siècle et les libéraux de la Restauration. C'est l'idéologie sensualiste. En elle-même, l'idéologie, "recherche des causes premières", est moins une doctrine politique, qu'une discipline philosophique, fondement de l'ensemble des sciences. Goblot, dans son Vocabulaire, en fait un synonyme de "psychologie". Le sensualisme substitue au Codito, ergo sum, de Descartes, son "j'existe, parce que je sens". L'homme tirant toute connaissance du monde physique, et de son expérience faite dans le monde physique, l'idéologie possède ainsi le même degré de certitude et de sécurité que la physique et les mathématiques. Les tenants de cette idéologie, outre Condorcet qui n'a pas vécu, sont sa veuve, Sophie de Grouchy, et Laromiguière, Garat, et, surtout, Cabanis et Destutt de Tracy.

Antoine Destutt de Tracy (1762-1830), rédige en 1801 les Eléments d'idéologie; c'est un traité "d'économie sociale", où se trouvent exposés les éléments fondamentaux du libéralisme. Le système s'appuie sur la croyance en un compromis harmonieux des forces sociales, pour autant que chaque être agisse selon ses propres intérêts bien compris. Le but en est pédagogique : libérer la raison du joug des préjugés, grâce à un système général d'éducation ou de formation.

Après avoir, non sans imprudence, contribué à l'avènement de Bonaparte, les idéologues deviendront ses adversaires déterminés, et formeront l'opposition républicaine.

Destutt précise en 1822 dans son Commentaire sur l'Esprit des Lois de Montesquieu, que distribuer les pouvoirs de la société de manière favorable à la liberté est un problème insoluble, tant qu'on donne à un homme assez de pouvoir pour qu'on ne puisse le lui ôter sans violence et pour que, quand il change, tout change nécessairement avec lui. La liberté politique ne saurait exister sans la liberté individuelle et sans la liberté de la presse. Le principe des gouvernements fondés sur les droits des hommes est naturel. Ils n'ont donc qu'à laisser agir la nature, tout en répandant une instruction saine et forte. Destutt aura ainsi deux brillants élèves : Stendhal et Sainte-Beuve.

Germaine Necker, dite de Staël pour ses propres convenances, n'est pas à proprement parler une idéologue de doctrine. Elle l'est, par contre, de sentiment, d'inclination et de curiosité. Elle cultive une profonde antipathie pour Bonaparte. Persécutée, la fille de Nacker devient aux yeux de l'Europe le symbole de l'opposition. D'abord elle est éloignée de Paris, puis la France lui est interdite après la publication de De l'Allemagne qui est mise au pilori. De cette situation, elle acquiert une indépendance d'esprit à peu près complète. En toute liberté et en pleine connaissance, elle compare les hommes de leur pensée, les peuples dans leurs moeurs, non seulement à travers les livres et les conversations, mais au contact de ce qu'elle appelle les "pays historiques". Ainsi le progrès de l'esprit humain procédant de la liberté et la liberté étant dans les institutions républicaines, la littérauture française se rajeunira sous leur influence et sous celle des littératures étrangères.


En réhabilitant le catholicisme sur le plan intellectuel et sentimental, Chateaubriand préparait le Concordat. Mme de Staël, en exaltant le génie de l'Italie et de l'Allemagne, "veut défendre les nations, leur indépendance, leur originalité ; montrer la paix de l'avenir dans le respect réciproque des droits des peuples, la soumission d'un peuple à un autre, dit-elle, étant contre-nature".

Ce faisant, elle applique aux peuples sa doctrine générale du progrès et sa vision de la révolution française, à laquelle elle devait consacrer son dernier écrit, sa plus grande oeuvre politique : les Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (1817).

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Elle n'admet nullement la méthode déductive selon Rousseau ou selon Sieyès. Elle démêle admirablement les faiblesses de la Révolution : "une manie de vanité presque littéraire inspirait aux Français le besoin d'innover". En disciples trop fidèles des philosophes, ils furent dominés par la passion des idées abstraites. Elle décèle le démocratisme radical déjà inclus dans la constitution de 1791 et pressent, dans la Constituante, ce qu'il y avait de Convention.

Elle puise en l'Angleterre son modèle de gouvernement : "Après une révolution telle que celle de France, la monarchie constitutionnelle est la seule paix, le seul traité de Westphalie, pour ainsi dire, que l'on puisse conclure entre les lumières actuelles et les intérêts héréditaires ; entre la nation presque entière et les privilèges appuyés par les puissances européennes."

wl:Germaine de Stael

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