Ludwig von Mises:La Chaîne sans fin des interventions économiques

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Ludwig von Mises
1881-1973
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Auteur minarchiste
Citations
« Le marxisme et le national-socialisme ont en commun leur opposition au libéralisme et le rejet de l'ordre social et du régime capitaliste. Les deux visent un régime socialiste. »
« Les gens qui se battent pour la libre entreprise ne défendent pas les intérêts de ceux qui se trouvent aujourd'hui être riches. »
« À la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d'un esprit plus élevé que leurs sujets, qu'ils savent donc mieux qu'eux ce qui leur est profitable. »
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Ludwig von Mises:La Chaîne sans fin des interventions économiques
La Chaîne sans fin des interventions économiques


Anonyme


Texte paru dans Angoisses et espoirs de la Civilisation occidentale. Éditions Sédif (1952)

I. Comment l'intervention étatique fait tache d'huile

Le préjugé anti-capitaliste

Le dogme fondamental de tous les variété du Collectivisme [i] et du Communisme est le suivant :

"Le Capitalisme, ou Économie de Marché, est un système qui lèse les intérêts vitaux de l'immense majorité, pour le seul profit d'une petite minorité égoïste et dure. Le capitalisme condamne les masses à un appauvrissement progressif. Il amène la misère, l'esclavage, l'oppression, la dégradation et l'exploitation des travailleurs, pendant qu'il enrichit une classe de parasites oisifs et inutiles".

Cette doctrine ne date pas de Karl Marx, elle avait été développée bien avant lui ; ses propagateurs les plus efficaces ne furent pas les écrivains marxistes mais des hommes tel que Carlyle et Ruskin, les "Fabiens" anglais, les professeurs allemands dits "socialistes de la chaire" et les institutionnalistes américains.

Fait très important, l'exactitude de ce dogme ne fut contestée que par un petit nombre d'économistes ; et ceux-ci se virent bientôt réduits au silence, écartés des Universités, de la Presse, de la conduite des partis politiques, et surtout des emplois publics. L'opinion, dans son ensemble, accepta la condamnation du Capitalisme comme une affaire entendue.

Mais, naturellement, les conclusions politiques pratiques que les personnes tirèrent de ce dogme ne furent pas uniformes.

Un premier groupe affirme que le seul remède aux maux du Capitalisme est de l'abolir complètement, en substituant la gestion publique des moyens de production à leur gestion privée. Ce que l'on veut ainsi instaurer porte des noms divers : Collectivisme, Communisme, Planisme, Capitalisme d'État, etc. Mais tous ces termes signifient une seule et même chose :

— désormais les consommateurs ne détermineraient plus, par leurs achats ou leur abstention, ce qu'il convient de produire, en quelles quantités et de quelle qualité ;

— mais dorénavant, seule une Autorité centrale dirigerait toutes les activités de production.

Un autre groupe est apparemment moins révolutionnaire. Ses membres rejettent le Collectivisme aussi bien que le Capitalisme ; ce qu'ils recommandent est, disent-ils, aussi différent de l'un que de l'autre. C'est un troisième mode d'organisation économique de la Société, qui se tient à mi-chemin des deux autres systèmes, et conserve les avantages des deux tout en évitant les inconvénients inhérents à chacun.

Ce troisième système est connu sous le nom d'Interventionnisme ; aux États-Unis on l'appelle aussi "Middle-of-the-road Policy" ; en France "politique de juste milieu", ou encore du "tiers-chemin".

Nous n'avons pas à ici à étudier les mérites du Capitalisme ou du Collectivisme ; seul l'Interventionnisme nous occupe. Nous éviterons également de nous engager à son sujet dans d'arbitraires jugements dépendant d'opinions préconçues. Notre seul souci est de discerner en quoi consiste pratiquement l'Interventionnisme, et s'il peut être considéré ou non comme un type stable d'organisation économique de la Société.

Les Interventionnistes soulignent qu'ils entendent maintenir la propriété privée des moyens de production, le système de l'entreprise et les échanges du Marché. Mais, disent-ils ensuite, il est indispensable d'empêcher ces institutions capitalistes de semer des ravages et d'exploiter injustement la majorité des gens. C'est le devoir du Gouvernement d'imposer, par ses ordres et prohibitions, des bornes à l'avidité des classes possédantes, afin que leur tendance à s'enrichir ne nuise aux classes plus pauvres.

Le Capitalisme sans frein, le "laissez-faire", disent-ils, est un mal. Mais pour éliminer la nocivité du Capitalisme, point n'est besoin de l'abolir entièrement. On peut améliorer le système, à condition que le Gouvernement contrôle les activités des capitalistes et des entrepreneurs.

Réglementer la vie économique, la "mettre au pas" par l'autorité du Gouvernement, c'est ainsi la seule méthode susceptible de tenir éloigné le Collectivisme totalitaire, et de sauver du naufrage les aspects du Capitalisme qui valent d'être préservées.

L'engrenage du dirigisme

Parlant de cette conception, les Interventionnistes préconisent un séduisant ensemble de mesures variées. Examinons l'une d'entre elle, le procédé très populaire du "contrôle des prix".

Le Gouvernement estime, par exemple, que le prix du lait est trop élevé ; il désire que les pauvres puissent en donner davantage à leurs enfants. Il a alors recours à la taxation [ii], et fixe le prix du lait à un taux inférieur à celui qui s'était librement établi sur le Marché.

Le résultat est que les producteurs de lait marginaux, ceux qui produisent au coût le plus élevé, subissent désormais une perte. Comme le fermier ou l'entrepreneur, pris individuellement, ne peut pas continuer à produire à perte, ces producteurs marginaux cessent de produire et de vendre du lait sur le Marché. Ils emploient leurs vaches et leur compétence à d'autres objets plus profitables ; par exemple, ils produisent du beurre, du fromage ou de la viande.

Il y a ainsi finalement moins de lait à la disposition des consommateurs, et non pas davantage. Ceci, évidemment, est contraire aux intentions du Gouvernement. Il voulait rendre possible à certains d'acheter plus de lait ; or son intervention a pour conséquence une diminution des quantités disponibles. La mesure se révèle être un échec précisément du point de vue du Gouvernement et des gens qu'il avait dessein de favoriser. Elle amène un état de choses qui — toujours du point de vue du Gouvernement — est moins désirable que l'état de choses antérieur qu'elle avait pour but d'améliorer.

A ce moment, le Gouvernement est placé devant une alternative. Il peut abroger son décret et s'abstenir d'autres efforts pour diriger le prix du lait. Mais s'il persiste dans son intention de maintenir ce prix au-dessous du taux que le Marché non entravé aurait déterminé, et s'il veut néanmoins éviter une baisse de l'approvisionnement en lait, il doit essayer d'éliminer les causes qui rendent non-rémunératrice l'activité des producteurs marginaux. Au premier décret concernant seulement le lait, doit s'en ajouter un second sur les facteurs de production du lait ; le prix de ces éléments est fixé assez bas pour que les producteurs de lait marginaux cessent de subir une perte, et s'abstiennent donc de restreindre la production.

Mais alors le même processus se répète sur un plan plus lointain. Il se produit une raréfaction des éléments requis pour la production du lait, et le Gouvernement est ramené à son point de départ. S'il ne veut ni admettre sa défaite ni s'abstenir de s'immiscer dans les prix, il doit pousser plus avant, et fixer une nouvelle série de prix : ceux des facteurs de production nécessaires à l'approvisionnement en éléments concourant à produire le lait.

Ainsi le Gouvernement est forcé d'aller de plus en plus loin, taxant l'un après l'autre tous les biens de consommation et de tous les facteurs de production (matériels et humains, c'est-à-dire aussi le travail) et d'ordonner à chaque entrepreneur et à chaque travailleur de continuer à travailler à ces prix et à salaires.

Aucune branche d'industrie ne peut, finalement, être exceptée de cette fixation générale des prix et salaires et de cette obligation de produire les quantités que le Gouvernement veut voir produites. Si certaines branches devaient être laissées libres, en considération du fait qu'elles produisent seulement des biens qualifiés de non vitaux ou même d'articles de luxe, le capital et la main-d'oeuvre tendraient à affluer vers ces branches ; et le résultat serait une baisse dans l'approvisionnement de ceux des biens dont précisément le Gouvernement a fixé les prix parce qu'il les estime indispensables à la satisfaction des besoins des masses.

Mais quand cet état de direction générale de l'activité économique est atteint, il ne peut être question plus longtemps d'une Économie de Marché. Il n'y a plus désormais des citoyens déterminant par leurs achats ou leur abstention ce qui doit être produit et comment. Le pouvoir de décider de ces questions a été dévolu au Gouvernement ; c'est la planification gouvernementale intégrale, c'est la Collectivisation.

Bien entendu, il est exact que ce genre de Collectivisme conserve quelques-unes des étiquettes et l'aspect extérieur du Capitalisme. Il maintient, en apparence et nominalement, la propriété privée des moyens de production, les prix, les salaires, les taux d'intérêt et les bénéfices. En fait, toutefois, rien ne compte que l'autocratie sans restrictions du Gouvernement.

Le gouvernement indique aux entrepreneurs et aux capitalistes ce qu'ils ont à fabriquer, en quelle quantité et qualité ; il leur désigne leurs fournisseurs et le prix d'achat, leurs clients et les prix de vente. Il décrète le taux des salaires et jusqu'à l'affectation des salariés.

Les transactions sur le marché ne sont plus qu'un trompe-l'oeil. Tous les prix, salaires et taux d'intérêt sont déterminés par l'autorité. Ce sont des prix, des salaires et des taux d'intérêt en apparence seulement : en fait, ce n'est plus qu'une échelle de rémunérations arbitrairement fixée par le Gouvernement.

Les autorités dirigent l'attribution de capitaux et de main-d'oeuvre aux différentes branches d'activité. Elles définissent ce qui devrait être produit et elles assignent à chaque consommateur sa ration. Le pouvoir suprême sur toute la vie économique est exclusivement aux mains du Gouvernement. Les individus sont réduits au statut de pupilles, tenus inconditionnellement d'obéir aux ordres de ce tuteur universel.

Quant aux hommes d'affaires, aux ci-devant chefs d'entreprise, ils n'ont plus que des fonctions de servants : tout ce qu'ils ont liberté de faire, c'est de mettre à exécution, dans un champ très étroit et nettement circonscrit, les décisions des Ministères. [iii]

Non seulement le Gouvernement — et non plus le Consommateur — dirige la production, mais c'est encore lui qui détermine le revenu de chaque citoyen, en lui assignant sa tâche et sa position.

C'est le Collectivisme sous les apparences du Capitalisme ; c'est la "Zwangswirtschaft", l'Économie de contrainte du Reich hitlérien ; c'est l'Économie planifiée de la Grande-Bretagne.

En effet, le schéma de transformation sociale tracé ci-dessus n'est pas simplement une construction théorique. Il dépeint réellement la succession d'événements qui a conduit au Socialisme tant en Allemagne, qu'en Grande-Bretagne et dans quelques autres pays.

Expériences allemandes et anglaises

Les Allemands, au cours de la Première Guerre Mondiale, commencèrent par taxer [ii] un petit groupe de biens de consommation considérés comme de nécessité vitale. Ce fut l'inévitable échec de ces mesures qui les contraignit à aller d, pas à pas, plus avant.

C'est alors que, dans la deuxième partie de la guerre, ils dressèrent le "Plan Hindenburg". Dans le contexte de ce Plan, aucune place quelconque ne restait pour un libre choix de la part des consommateurs, ou pour une action d'initiative de la part des entrepreneurs. Toutes les activités économiques étaient strictement subordonnées à la juridiction exclusive des autorités.

La défaite totale du Kaiser emporta tout l'appareil administratif impérial, et avec ce dernier s'en fut aussi le plan grandiose. Mais quand en 1931 le Chancelier Brüning s'embarqua à nouveau dans une politique de direction des prix, et que ses successeurs — Hitler plus que tout autre — s'y cramponnèrent obstinément, la même histoire se reproduisit.

La Grande-Bretagne et tous les autres pays qui dans la Première Guerre Mondiale adoptèrent des mesures de contrôle des prix, eurent à connaître le même échec. Eux aussi furent poussés de plus en plus loin dans leurs essais, pour faire fonctionner leurs premiers décrets. Mais ils étaient encore à un stade rudimentaire de ce développement, quand leur victoire et l'opposition du public balayèrent tous les systèmes de contrôle de prix.

Les choses changèrent lors de la Seconde Guerre Mondiale. L'Angleterre commença de nouveau par ne taxer [ii] qu'un petit nombre de produits vitaux ; mais elle dut ensuite monter toute la gamme, substituant de proche en proche à l'ancienne liberté économique une planification finalement généralisée. Quand la Guerre prit fin, la Grande-Bretagne était une République collectiviste.

Il n'est pas sans intérêt de rappeler que la collectivisation britannique n'est pas une réalisation du Gouvernement travailliste de M. Attlee mais du Cabinet de M. Winston Churchill.

L'oeuvre du Parti travailliste n'a pas été de collectiviser une Économie libre, mais de maintenir dans l'après-guerre l'Économie collectiviste développée pendant les hostilités. Ce fait a été rejeté dans l'ombre par le bruit fait autour de la nationalisation de la Banque d'Angleterre, des mines de charbon et d'autres branches de l'Économie. Cependant la Grande-Bretagne est en régime collectiviste, non parce que certaines entreprises ont été formellement expropriées et nationalisées, mais parce que toutes les activités de tous les citoyens sont soumises au plein contrôle du Gouvernement et de ses Administrations.

Ce qu'il nous faut retenir, c'est que les taxations [ii] portant sur quelques denrées déterminées manquent forcément leur objectif, et produisent des effets diamétralement opposés. En se plaçant au point de vue même du Gouvernement qui édicte de telles mesures, l'état de choses résultant est encore pire que celui qu'il voulait changer.

Si le Gouvernement, afin d'éliminer ces conséquence inéluctables mais indésirées, poursuit sa route de proche en proche, il transforme finalement le système du Capitalisme et de l'entreprise libre, en un régime collectiviste du type Hindenburg.

La même chose est vraie de tous les autres genres d'intervention dans les mécanismes du Marché.

Les taux minima de salaires — qu'ils soient décrétés par le gouvernement ou imposés par la pression des syndicats et la violence — aboutissent à un chômage massif prolongé d'année en année, dès qu'ils élèvent le taux des salaires au-dessus du niveau d'un Marché non entravé.

Les tentatives pour abaisser le taux d'intérêt par l'expansion du crédit provoquent, il est vrai, une période de "boom" des affaires. Mais la prospérité ainsi engendrée est seulement un produit artificiel de serre chaude, et doit inexorablement conduire à la débâcle et à la dépression. Les gens payent alors lourdement l'orgie d'argent facile dont ils ont joui, pendant les quelques années d'expansion du crédit et d'inflation.

La retour périodique de phases de dépression et de chômage de masse a discrédité le Capitalisme dans l'opinion de gens irréfléchis. Mais les oscillations cycliques ne résultent pas du fonctionnement du Marché libre ; elles sont la conséquence des interventions — bien intentionnées mais mal avisées — du Gouvernement sur le marché.

II. La poussée collectiviste

L'interventionnisme ne peut pas être considéré comme un régime économique durable ; c'est une méthode pour passer du Capitalisme au Collectivisme par paliers successifs. C'est dans cette progressivité que réside sa différence avec les entreprises des Communistes qui veulent instaurer d'un coup le Collectivisme. La divergence ne porte pas tant sur l'objectif ultime de l'évolution politique, que sur la tactique à employer pour atteindre un but que l'un et l'autre groupe ont en vue.

Karl Marx et Friedrich Engels recommandèrent successivement chacun des deux moyens pour la réalisation du Collectivisme.

En 1848, dans le Manifeste communiste, ils esquissèrent un plan pour la transformation graduelle du Capitalisme en Socialisme. Le prolétariat devait être élevé à la position de classe dirigeante et employer sa suprématie politique "pour arracher par degrés tout le capital à la bourgeoisie".

Ceci, déclaraient-ils, "ne peut être effectué qu'au moyen d'empiétements despotiques sur les droits de propriété et sur les conditions de la production bourgeoise ; au moyen de mesures, par conséquent, qui apparaissent économiquement insuffisantes et insoutenables, mais qui, dans le cours du mouvement vont se déboîtant, entraînent forcément de nouvelles incursions sur le vieil ordre social, et sont indispensables comme moyens de révolutionner entièrement le mode de production". Dans cette perspective, ils énumérèrent en guise d'exemple dix mesures.

Quelques années plus tard, Marx et Engels changèrent d'avis ; et dans son principal traité, Le Capital, paru en 1867, Marx exposa des vues toutes différentes.

Le Socialisme doit forcément venir, "avec l'inexorabilité d'une loi de nature". Mais il ne peut apparaître avant que le Capitalisme ait atteint sa pleine maturité. Il n'y a qu'une voie vers l'effondrement du Capitalisme, et c'est l'évolution progressive du Capitalisme lui-même. Alors seulement la grande révolte finale de la classe laborieuse lui donnera le coup de grâce et inaugurera l'ère sans fin de l'Abondance.

Au nom de cette doctrine, Marx et l'école du Marxisme orthodoxe rejettent toutes les politiques qui prétendent encadrer, réglementer et améliorer le Capitalisme. De telles politiques, déclarent-ils, ne sont pas seulement vaines, mais carrément nuisibles ; car elles ont pour effet de retarder l'arrivée du Capitalisme à sa pleine maturité, et par là même à son effondrement ; elles sont par conséquent, non pas progressistes, mais réactionnaires.

Ce fut cette idée qui conduisit le Parti Social-Démocrate allemand à voter contre la législation de Sécurité Sociale de Bismarck, et à faire échouer le plan de ce dernier pour nationaliser l'industrie allemande des tabacs. En vertu de cette même doctrine, les Communistes américains traitèrent le New Deal comme une machination réactionnaire extrêmement nuisible aux véritables intérêts des travailleurs.

Il nous faut bien comprendre que l'antagonisme entre les Interventionnistes et les Communistes est une manifestation du conflit entre le Marxisme première manière et le Marxisme deuxième manière ; entre le Marx de 1848, auteur du Manifeste communiste, et le Marx de 1867, auteur du Capital.

Par un piquant paradoxe, d'ailleurs, des gens qui se disent anti-communistes soutiennent la politique formulée par Marx, précisément dans le document intitulé Manifeste communiste...

Il y a deux méthodes possibles pour la transformation du Capitalisme en Collectivisme. L'une est d'exproprier toutes les fermes, usines et boutiques, et de les faire fonctionner par un appareil bureaucratique, comme des Ministères. L'ensemble de la Société, dit Lénine, devient alors "un seul bureau et un seul atelier, avec travail égal et salaire égal" ; l'Économie sera organisée, dit-il encore, "comme le service postal".

La deuxième méthode est celle du Plan Hindenburg, le type originairement allemand de l'État-providence et du Planisme. Elle contraint chaque firme et chaque individu à accomplir strictement les ordres émis par l'Office Gouvernemental Central de Direction de la Production.

C'était là l'intention du "National Industrial Recovery Act" de Roosevelt en 1933, que la résistance des milieux économiques fit échouer et que la Cour Suprême des U.S.A. déclara inconstitutionnel. Cela reste l'idée centrale des efforts faits pour substituer la planification à l'entreprise privée.

Le Contrôle des Changes

Le véhicule par excellence pour introduire de introduire ce second type de Collectivisation dans des pays industriels comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne est le Contrôle des Changes.

Ces pays ne peuvent nourrir et vêtir leur peuple avec les ressources indigènes. Ils doivent importer de grandes quantités d'aliments et de matières premières. Afin de payer ces importations dont le besoin se fait durement sentir, on doit exporter des produits manufacturés, pour la plupart fabriqués à partir des matériaux importés. Dans de tels pays, à peu près toute transaction économique est, directement ou indirectement, conditionnée par l'exportation ou l'importation, ou par les deux à la fois.

Par conséquent, le monopole gouvernemental sur l'achat et la vente des devises étrangères suffit à placer toute espèce d'activité économique à la discrétion de l'organisme administratif chargé du contrôle des Changes.

Aux États-Unis, la situation est différente : le volume du commerce extérieur est relativement faible, comparé avec le volume total du commerce national. Le contrôle des Changes n'affecterait que légèrement la très grande partie des affaires américaines. C'est la raison pour laquelle les projets des planistes américains mentionnent à peine le contrôle des Changes. Leurs efforts sont orientés vers la direction des prix, des salaires et des taux d'intérêt ; vers le contrôle de l'investissement, et la limitation des bénéfices et des revenus.

L'impôt progressif

Si l'on considère l'évolution du taux de l'impôt sur le revenu aux États-Unis — depuis la création en 1913 de l'Impôt fédéral sur le Revenu, jusqu'à maintenant — il paraît à peu près certain que cet impôt finira un jour par amputer tout revenu de la part qui dépasse le revenu de l'électeur moyen.

En Grande-Bretagne, l'impôt normal plus la taxe spéciale sur le revenu des investissements s'élèvent, pour les paliers [iv] supérieurs de revenus, bien au-dessus de 100% du revenu total. [v] C'est ce que Marx et Engels avaient dans l'esprit quand ils recommandèrent dans le Manifeste communiste, "un lourd impôt progressif ou graduel sur le revenu".

Une autre des suggestions du Manifeste communiste était "l'abolition complète du droit d'hériter".

Actuellement, les lois n'en sont arrivées là ni en Grande-Bretagne ni aux États-Unis. Mais si, à nouveau, nous regardons vers le passé, l'histoire des impôts de succession nous montre qu'ils se sont constamment rapprochés du but fixé par Marx. Des impôts de successions, aussi élevés que ceux qui frappent aujourd'hui les paliers supérieurs [iv], ne peuvent plus être appelés des impôts ; ce sont des mesures de spoliation.

Enfin, l'idée qui inspire les impôts progressifs est que l'on peut puiser à volonté dans le revenu et la richesse acquise des classes aisées. Ce que les partisans de ces taux d'imposition ne comprennent pas, est que la plus grande partie des revenus détournés par l'impôt n'auraient pas été consommés, mais épargnés et investis. En réalité, cette politique fiscale n'empêche pas seulement que se poursuive l'accumulation de capitaux neufs : elle provoque la désagrégation des capitaux existants. Tel est le cas actuellement en Grande-Bretagne.

III. Les atouts du libéralisme économique

L'impasse du "tiers chemin"

Ce qui rend la politique du tiers chemin séduisante pour bien des gens, tient à leur façon arbitraire d'envisager les problèmes dont il s'agit.

D'après cette façon de voir, il y aurait deux classes — d'un côté les capitalistes et les entrepreneurs, de l'autre les salariés — en discussion sur l'attribution des revenus produits par le capital et les activités d'entrepreneur. Chacun des deux partis réclame tout le gâteau pour ses membres.

Faisons la paix, suggèrent ces médiateurs, en partageant également entre les deux classes les valeurs disputées. L'État, en tant qu'arbitre impartial, devrait s'entremettre pour réfréner la cupidité des capitalistes et assigner une part des profits aux classes laborieuses. Il pourra ainsi détrôner le Moloch du Capitalisme sans mettre à la place le Moloch du Collectivisme totalitaire.

Seulement, cette façon de trancher la question est complètement fallacieuse. L'antagonisme entre le Capitalisme et le Collectivisme n'est pas une dispute sur le partage d'un butin.

Il s'agit d'une conflit entre deux conceptions de l'organisation économique de la Société :

— du Capitalisme ou du Collectivisme, quel est le système qui permet le mieux d'atteindre ce que tout le monde considère comme le but des activités dites économiques ? C'est-à-dire, quel est celui qui fournit le maximum possible de biens et de services utiles ?

Le Capitalisme veut atteindre ces objectifs par l'entreprise et l'initiative privées, soumises à la suprématie du public, achetant ou s'abstenant d'acheter sur le Marché. Les Collectivistes veulent substituer, aux plans personnels des divers entrepreneurs, le plan unique d'une autorité centrale souveraine. Ils entendent remplacer ce que Marx appelait "l'anarchie de la production" par le monopole exclusif du Gouvernement.

L'antagonisme ne porte pas sur le mode de distribution d'un total fixe d'utilités. Il porte sur le mode de production de tous ces biens dont les gens désirent profiter.

Le conflit des deux principes est irréconciliable et ne laisse place à aucun compromis. La direction est indivisible : ou bien la demande des consommateurs telle qu'elle se manifeste sur le Marché décide dans quel but et comment les facteurs de production devraient être employés ; ou bien c'est le Gouvernement qui s'occupe de ces questions, [avec des pouvoirs discrétionnaires sur les biens et les personnes]. Il n'existe rien qui puisse modérer l'opposition entre ces deux principes contradictoires ; ils s'excluent l'un l'autre.

L'Interventionnisme ne saurait donc être règle d'or d'un moyen terme entre Capitalisme et Collectivisme. [vi]

La collectivisation n'est pas inéluctable

Le cours des événements des trente dernières années aux États-Unis montre une progression, parfois interrompue mais jamais renversée, vers une socialisation du type allemand et anglais.

L'Amérique s'est engagée dans ce déclin plus tard que ces deux autres pays, et aujourd'hui encore elle est moins proche qu'eux du terme du processus de collectivisation. Mais si le courant de cette politique ne vient pas à changer, pas, le résultat final ne différera qu'en des points accidentels et négligeables de ce qui arriva dans l'Angleterre d'Attlee, et dans l'Allemagne d'Hitler.

La "politique du juste milieu" n'est pas un système économique qui puisse durer ; ce n'est qu'une collectivisation par annuités.

Beaucoup de gens se refusent à le croire, en s'appuyant sur le fait que la plupart des lois qui visent à la planification, ou à l'expropriation par l'impôt progressif, ont laissé quelques échappatoires qui offrent à l'entreprise privée une marge à l'intérieur de laquelle elle peut continuer. Il est certain que des failles existent, et que grâce à elles nous sommes encore en pays libre.

Mais ce capitalisme d'échappatoires n'est pas assuré du lendemain : bien au contraire, il n'est qu'en sursis. Des forces puissantes travaillent à fermer les dernières brèches, et de jour en jour elles rétrécissent le champ d'action de l'entreprise privée, et même ses possibilités d'existence.

Assurément, cet aboutissement n'est pas inévitable. Un tel courant peut être renversé, comme bien d'autres l'ont été dans l'Histoire. La prophétie marxiste : "Le Collectivisme est en marche, avec l'inexorabilité d'une loi de nature", n'est rien d'autre qu'une conjecture dénuée de toute preuve.

Toutefois le prestige dont jouit ce vain pronostic jouit (non seulement auprès des marxistes, mais aussi auprès de nombreux soi-disant non marxistes) est le principal instrument du progrès de la collectivisation. Il répand le défaitisme parmi ceux qui autrement combattraient vaillamment le péril.

Le plus puissant allié de la Russie soviétique est la croyance que la "vague de l'avenir" nous porte vers le Collectivisme et qu'il est par conséquent "progressiste" de sympathiser avec toutes les mesures qui restreignent de plus en plus l'Économie de Marché.

Même aux États-Unis, qui doivent à un siècle d'application de cet "âpre individualisme" — tant décrié — le plus haut niveau de vie jamais atteint par une nation quelconque, l'opinion publique condamne le laissez-faire.

Depuis cinquante ans, des milliers de livres ont mis le Capitalisme en accusation, prôné l'interventionnisme révolutionnaire, l'État-providence et le Collectivisme. Beaucoup de ces ouvrages furent célébrés avec exubérance, alors que les quelques livres qui essayaient d'expliquer correctement le fonctionnement de l'Économie de Marché furent à peine remarqués du public et leurs auteurs demeurèrent obscurs. [vii].

Il est également de fait que le roman, le théâtre et le cinéma rivalisent de critiques "progressistes" à l'égard de l'entreprise libre. D'innombrables périodiques attaquent furieusement, à chaque numéro, la liberté économique ; en revanche quel est le magazine qui oserait défendre ouvertement ce régime qui, pourtant, a fourni à l'immense majorité des Américains non seulement bon gîte et bonne nourriture, mais encore autos, réfrigérateurs, radios, et tant d'autres choses qui à l'étranger sont du luxe ?

La très grave répercussion de cet état de choses est que la défense de l'entreprise privée est pratiquement insignifiante. On trouve seulement des partisans du "juste milieu", qui croient avoir remporté un grand succès quand ils ont retardé quelque peu une mesure particulièrement ruineuse.

Ces gens battent constamment en retraite. Ils s'accommodent aujourd'hui de mesures qu'ils n'auraient même pas voulu discuter il y a dix ou vingt ans. Ils acquiesceront, dans peu d'années, à d'autres mesures qu'aujourd'hui ils considèrent comme simplement hors de question.

Seul un changement complet de mentalité peut empêcher l'avènement du Collectivisme totalitaire.

Il ne s'agit pas de faire de l'anti-collectivisme, ni de l'anti-communisme ; il nous faut prendre parti ouvertement et activement pour l'économie concurrentielle, à qui nous sommes redevables d'une abondance de biens, en comparaison de quoi les âges révolus n'ont jamais connu que la demi-misère.

Éclairons le bon sens populaire [viii]

Les pronostics de plusieurs champions éminents du Libéralisme économique sont aujourd'hui plutôt pessimistes. L'avenir, pensent-ils, est aux démagogues qui ne savent rien d'autre que dissiper le capital accumulé par les générations précédentes. L'humanité plonge vers un retour aux siècles de l'ignorance, la civilisation occidentale est condamnée.

La principale erreur de ce pessimisme fort répandu est de croire que les idées et politiques destructives de notre époque ont surgi du "prolétariat" et sont une "révolte des masses." En fait, les masses — précisément parce qu'elles ne sont pas créatives et ne développent pas une philosophies propre — suivent les guides.

Les idéologies qui ont produit tous les méfaits et les catastrophes de notre siècle ne furent pas l'oeuvre de la foule ; mais le fait de pseudo-savants et de pseudo-intellectuels.

Il n'y a pas de moyen d'élever en bloc le taux des salaires et le niveau de vie, si ce n'est d'accélérer l'accroissement des capitaux productifs par rapport au chiffre de la population.

La seule méthode pour relever le taux des salaires de façon permanente — et pour tous ceux qui travaillent dans des emplois salariés — est d'augmenter la productivité de l'effort industriel en accroissant le quota par tête de capital investi. Si les salaires américains dépassent de loin les salaires d'Europe et d'Asie, c'est parce que l'effort et l'attention de l'ouvrier américain sont aidés par des outils plus nombreux et des méthodes de travail meilleures.

Tout ce que le "bon gouvernement" peut faire pour améliorer le bien-être matériel du peuple, est d'établir et de maintenir un ordre institutionnel dans lequel il n'y a pas d'obstacle à l'accumulation progressive de capital neuf, requis pour l'amélioration des méthodes technologiques de production.

C'est ce que le Capitalisme a effectivement accompli dans le passé et accomplira encore dans l'avenir s'il n'est saboté par une mauvaise politique. [ix]

En outre, il n'est pas vrai que les idées du libéralisme économique [x] soient trop compliquées pour plaire à l'esprit, prétendu trop faible, de l'électeur. Les pessimistes sous-estiment les capacités mentales de "l'homme moyen" quand ils affirment qu'il ne peut saisir les désastreuses conséquences des politiques qui aboutissent dissiper les capitaux.

Ainsi, la plupart des mesures de la prétendue politique de soutien à l'agriculture ne favorisent qu'à une minorité de la population rurale, au détriment non seulement de la majorité de la population non rurale, mais aussi de la majorité des ruraux.

Il en va de même de la soi-disant politique ouvrière : elle crée une situation dans laquelle chaque groupe de salariés s'efforce d'améliorer sa propre situation aux dépens des consommateurs, donc de l'énorme majorité.

Personne aujourd'hui ne sait s'il gagne davantage par ces mesures de privilège en faveur du groupe auquel il appartient, qu'il ne perd du fait des mesures privilégiant tous les autres groupes. Mais il est indubitable que tous sont affectés, quoique diversement, par la baisse générale de la productivité de l'effort industriel, que ces prétendues mesures bienfaisantes entraînent nécessairement.

Jusqu'à ces dernières années, les partisans de ces mesures inadéquates à leur objet, essayaient de les défendre en soulignant que leurs incidences réduisaient seulement la richesse et le revenu des riches, et n'avantageait la multitude qu'au détriment de parasites. Il n'est plus nécessaire de démontrer les erreurs de ce raisonnement : même en le supposant vrai, ce "surplus" des riches est épuisé dans presque tous les pays. Même Mr. Hugh Gaitskell [xi], successeur de Sir Stafford Cripps, a bien dû déclarer que : "il n'y a pas assez d'argent à prendre aux riches d'Angleterre, pour pouvoir relever le niveau de vie moyen."

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Dans de telles conditions, les perspectives d'un renouveau libéral authentique peuvent paraître propices. Au moins la moitié du corps électoral est constituée par des femmes, en majorité des ménagères ou des ménagères potentielles ; un programme de "bon marché" peut fortement impressionner le sens pratique de ces ménagères [* Elles déposeraient certainement un bulletin dans l'urne en faveur de candidats qui proclameraient : Oublions vite toutes les politiques et toutes les mesures destinées à augmenter les prix au-dessus de ceux d'un marché libre ! Oublions tout ce morne fatras sur le soutien des prix, la parité des prix, les tarifs et les quotas, les accords intergouvernementaux de contrôle des marchandises, etc. ! Abstenons-nous de toute augmentation de la quantité de monnaie en circulation et de tout accroissement du crédit, de toutes ces tentatives illusoires pour faire baisser le taux d'intérêt et de toutes les dépenses conduisant au déficit ! Ce que nous voulons, ce sont des prix bas.

A la fin, ces sages ménagères arriveront même à convaincre leur maris. *]

Dans le Manifeste communiste, Karl Marx et Friedrich Engels ne disaient-ils pas: "Les bas prix de ses marchandises sont l'artillerie lourde avec laquelle le capitalisme renverse toutes les murailles de Chine."

Nous pouvons espérer que les bas prix de l'économie concurrentielle renverseront aussi la plus haute de toutes les murailles de Chine, celle qu'ont érigée les folies d'une politique économique collectivisante.

Notes

[*] Le texte, publié en 1952, correspond à la traduction intégrale d'un essai de Mises intitulé "La politique du ‘juste milieu' mène au socialisme" (avec modification de l'ordre de quelques paragraphes), augmentée d'extraits d'un autre essai intitulé "Les chances politiques d'un véritable libéralisme". Le découpage du texte en parties est par ailleurs différent de la version originale.

Les traductions de Marx, Engels et Lénine sont celles du texte de 1952 et ne correspondent pas aux versions "canoniques".

[i] Dans la traduction française de 1952, le terme "collectivisme" ou "collectivisation" correspond systématiquement au terme "socialism" chez Mises. (Remarque d'Hervé de Quengo).

[ii] Mises n'emploie pas le terme de taxation dans le texte anglais (le contrôle des prix taxant effectivement à 100% la partie dépassant le prix autorisé) et parle simplement de prix plafond. (Remarque d'Hervé de Quengo).

[iii] Dans la traduction de 1952, les deux derniers paragraphes, depuis "Les autorités dirigèrent..." jusqu'à "...les décisions des Ministères." sont situés après le passage se terminant par la phrase"plus qu'une échelle de rémunérations arbitrairement fixée par le Gouvernement". Ils ont été rétablis à la position de l'édition du texte anglais. Par ailleurs le passage "et elles assignent à chaque consommateur sa ration" ne figure pas dans l'édition américaine de ce passage. (Remarques d'Hervé de Quengo).

[iv] On dirait plutôt "tranches" que "paliers" de nos jours. (Remarque d'Hervé de Quengo).

[v] La phrase "En Grande-Bretagne, l'impôt normal plus la taxe spéciale sur le revenu des investissements s'élèvent, pour les paliers (cf. remarque suivant) supérieurs de revenus, bien au-dessus de 100% du revenu total." ne figure pas dans le texte anglais.(Remarque d'Hervé de Quengo).

[vi] Par rapport au texte anglais, les derniers paragraphes, depuis "Ce qui rend la politique du tiers chemin séduisante..." jusqu'à "...moyen terme entre Capitalisme et Collectivisme." ont été déplacés.

Par ailleurs le passage "avec des pouvoirs discrétionnaires sur les biens et les personnes" ne figure pas dans l'édition américaine. (Remarques d'Hervé de Quengo).

[vii] Le texte anglais ajoute "alors qu'on porta aux nues les noms de Veblen, Commons, John Dewey et Laski" qui ne figure pas dans la traduction de 1952. (Remarque d'Hervé de Quengo).

[viii] Ici débutent les extraits du second essai de Mises.

[ix] Les paragraphes depuis "Il n'y a pas de moyen..." jusqu'à "saboté par une mauvaise politique" figurent dans le premier essai et ont été déplacés dans le texte français de 1952. (Remarque d'Hervé de Quengo).

[x] Le texte français de 1952 traduit "genuine liberalism" par libéralisme économique. Certes, le terme "libéralisme" n'a pas la connotation américaine (qui l'associe au idées de gauche), mais Ludwig von Mises défendait par ailleurs d'idée que le libéralisme économique était inséparable du libéralisme philosophique, ce que ne rend pas la traduction de 1952. (Remarque d'Hervé de Quengo).

[xi] Hugh Gaitskell, qui succéda à Cripps "au poste de Führer de l'économie britannique" comme le dit Mises (expression non reprise dans la traduction partielle de 1952) assista à certaines séances du "Privatseminar" de Mises à Vienne, ainsi que le raconte Mises dans un autre texte ! (Remarque d'Hervé de Quengo).

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